L’objectif de la séance était que les "4 Fantastiques" (les élus, les agents de collectivités, les agents de l’État territorial et les acteur socio-économiques) se retrouvent entre pairs pour échanger autour des trois recommandations les plus formulées à l’issue des analyses sensibles réalisées dans chacun des territoires de la cohorte, pour identifier les leviers et les limites propres à chaque catégorie d’acteurs.
Les trois recommandations que nous avons sélectionné sont les suivantes :
Mettre au travail les conflits
Mettre en récits les futurs souhaitables
Développer une culture de la coopération transversale, inter-échelles et systémique
Dans votre territoire, pouvez-vous identifier un exemple de coopération entre différents acteurs qui aurait bien fonctionné et les ingrédients de cette réussite ? Et un exemple de coopération qui aurait échoué et les raisons de cet échec, selon vous ?
La coopération territoriale est essentielle mais reste complexe à mettre en œuvre. Tous les groupes ont pu témoigner de difficultés liées au manque de moyens humains et financiers, à l’embarquement des acteurs sur le long terme et à la construction d’une vision commune inter-territoriale, en raison de la pluralité des territoires et des enjeux. Ces limites ont pour conséquence le ralentissement des projets. Néanmoins, des exemples intéressants de coopérations ont pu être cités, en liens avec les thématiques de l’énergie ou du tourisme. Ils ont pour la plupart été permis par l’intervention d’un tiers extérieur : par exemple des universitaires afin de réaliser une étude sur les possibilités d’accueil du public sur un territoire, ou des facilitateurs afin de dynamiser la conduite d’un projet. Malgré les difficultés évoquées, on note l’intérêt d’être appuyé par des acteurs externes au territoire, qui bénéficient d’un regard neuf sur une situation à dénouer.
Par ailleurs, chacun des groupes semble identifier son rôle dans cette dynamique de coopération, bien qu’ils soient tous confrontés à des limites.
Les élus, malgré leur volonté d’engager des initiatives, peinent à structurer et à pérenniser des projets avec d’autres territoires.
Les agents de la collectivités ont pour mission de fluidifier la coopération, avec les élus et plus globalement entre les « 4 Fantastiques », ainsi que de les mobiliser sur le long terme.
Les agents de l’État territorial jouent un rôle de maillage entre le territoire et l’État centralisé : leur difficulté principale résides dans l’application de directives nationales qui sont parfois mal adaptées à l’échelle locale, alors qu’ils préféreraient parfois co-construire davantage avec les acteurs locaux.
Enfin, les acteurs socio-économiques ont témoigné de projets ayant pour vocation à embarquer largement (différentes générations par exemple) et font le constat d’une mobilisation forte des élus et des agents, tandis que celle de leur propre catégorie d’acteur est plus faible.
Mettre au travail les conflits
Dans votre expérience, avez-vous déjà vécu un travail de résolution de conflit, notamment avec les autres « Fantastiques » ? Quelles méthodes ou outils pouvez-vous proposer pour dépasser les désaccords et permettre au territoire d’aller de l’avant ?
Au sujet de leur relation avec les autres acteurs, les élus ont trouvé intéressant de travailler sur l’évolution de leur posture, amenée à être moins descendante : « avant l’élu tapait du poing sur la table et on l’écoutait mais aujourd’hui ce n’est plus possible ». Les agents des collectivités, en première ligne pour accueillir les divergences sur le territoire, constatent également l’évolution de la posture de l’élu, qui diffère selon le rôle qu’il doit adopter. La posture descendante peut avoir des conséquences négatives sur la réception d’un projet et compliquer le rôle de pédagogie des agents avec les habitants, notamment lorsque ces derniers se positionnent contre un projet. En revanche, les acteurs socio-économiques témoignent aussi de relations constructives avec les élus, qui peuvent les appuyer auprès des services de l’État dans la réalisation d’un projet par exemple, dépassant ainsi les éventuels conflits pour permettre le dialogue. Face aux tensions, certaines collectivités font aussi le choix de maintenir des espaces d’échange réguliers avec les habitants, pour mieux les prendre en compte dans les décisions prises.
Mettre en récits les futurs souhaitables
Dans vos territoires, quelles sont les initiatives ou les projets locaux qui gagneraient à être mieux connus et partagés ? Comment pourrait-on impliquer les citoyens et les acteurs locaux dans la création et la diffusion de ces histoires ? Pouvez-vous décrire une situation concrète où le partage d’expériences locales a influencé positivement les décisions ou les projets dans votre communauté ? Comment ce partage a-t-il été organisé et quels en ont été les résultats ?
En matière de mise en récits, certains élus souhaitent mettre en avant les acteurs culturels et les artisans, à travers l’appui à diverses associations. Par ailleurs, les agents des collectivités témoignent de la difficulté à identifier les initiatives citoyennes et de la méfiance qu’il existe parfois à l’égard des projets portés par des acteurs privés, qu’ils souhaiteraient pourtant davantage valoriser. De même, les collectivités pourraient être plus proactives dans l’animation des dynamiques territoriales en relayant par exemple via le journal municipal des appels à participation à des projets citoyens, en plus de les mettre en avant une fois qu’ils sont réalisés. Certains acteurs socio-économiques apprécient néanmoins les efforts de la collectivité pour communiquer auprès d’eux, dans un territoire avec un important tissu associatif. Les services de l’État ont quant à eux tenus à partager une initiative pensée pour favoriser la connaissance d’un territoire par les habitants, à travers une plateforme proposant des représentations visuelles croisant de nombreuses données, afin de « démystifier l’approche systémique ». « Les gens confondent ‘projets complexes’ (la complexité signifie tisser ensemble, acteurs, territoires et enjeux) et ‘projets compliqués’ ». Selon eux, il faudrait également diversifier les formats de représentation pour embarquer plus largement : « préférer du motion design, de la BD, de la vidéo ou un croquis à de longs discours. »