Au-delà des interventions techniques, le facteur humain joue un rôle essentiel dans la concrétisation de travaux de rénovation. L’appropriation des démarches de rénovation par les usagers constitue une clef de réussite. Pour cela, pour les collectivités peuvent s’appuyer sur l’innovation sociale à travers des dynamiques collectives et des opérations visant l’inclusion des ménages dans les démarches de projets.
Définir l’innovation sociale dans le cadre de la rénovation des bâtiments privés.
Le Conseil Supérieur de l’Économie Sociale et Solidaire (CSESS) définit l’innovation sociale qui “consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et usagers. Ces innovations concernent aussi bien le produit ou service, que le mode d’organisation, de distribution, (…). » - Article 15 de la loi relative à l’économie sociale et solidaire du 30 Juillet 2014.
L’innovation sociale émerge en réaction à un besoin, et mobilise l’expertise d’usage pour répondre à une demande sociale non satisfaite. Les démarches d’innovation sociale placent l’usager au cœur de l’élaboration des diagnostics et de la production de solutions, leur permettant une réappropriation de l’environnement pour améliorer une situation donnée. Elles s’appuient pour cela sur les solidarités, les stratégies d’entraides, de conseils et d’informations qui émanent des communautés de pratiques.
Une étude commanditée par l’ADEME en 2011 présente l’innovation sociale comme un outil pouvant compléter et renouveler l’action publique. L’enjeu pour les collectivités est d’organiser la rencontre entre les propriétaires des bâtiments et l’ensemble des parties prenantes de la construction et de la rénovation pour compléter et adapter leurs politiques locales d’habitat. L’innovation, en valorisant la création de bien-être, l’intelligence collective et l’expression des besoins des usagers, propose de nouvelles pratiques pour favoriser le lancement des travaux de rénovation des logements individuels.
Organisation des Rencontres Internationales de l’Innovation Sociale au centre Réalis de Montpellier, pôle ESS de la Région Occitanie
L’innovation sociale et les besoins de l’usager au cœur de la définition de Renov’Occitanie
Les équipes de la Direction de la Transition Écologique et Énergétique de la Région Occitanie ont fait le choix de l’innovation pourstructurer le Service Public Intégré de la Rénovation Energétique, en partenariat avec les équipes de l’ADEME et de l’AREC.
Afin de répondre au mieux aux besoins des usagers des territoires, les travaux et réflexions ont été menés en s’inspirant de la démarche du design de services, dans un contexte de renouvellement des politiques publiques. Cette démarche innovante se base sur l’observation, la co-construction et l’expérimentation, et permet de placer les usagers au cœur de la démarche de construction du nouveau service public de rénovation énergétique. La Région s’est attachée la compétence des équipes du Lab’ Occitanie, laboratoire d’innovation publique pour l’ensemble des services de l’Etat en région.
Rénov’Occitanie est la synthèse de plusieurs temps de rencontre et d’immersion, ainsi que des propositions de groupes de travail composés par des particuliers, des artisans, des Espaces Info Énergie et des plateformes de rénovation énergétique. L’équipe projet s’est appuyée sur ces rencontres et expertises d’usage pour alimenter ses réflexions et formaliser des prototypes de solutions. Les propositions envisagées ont par la suite été testées sur le terrain pour en évaluer la pertinence et les ajuster.
Entretiens conduits auprès des usagers pour structurer Rénov’Occitanie
Pour animer et organiser la lutte contre la précarité énergétique des quartiers prioritaires, Toulouse Métropole s’appuie sur un dispositif qui lui est propre : le Label “Ma Copro Bouge”. Créée en 2014 en partenariat avec l’Agence Départementale d’information sur le Logement (ADIL) et l’Espace Info Énergie de Toulouse Métropole, ce label s’inscrit dans le cadre du programme de prévention des copropriétés en difficulté de gestion. Il concerne les copropriétés des années 1960 et 1970, de plus de 50 lots, inscrites sur la liste des copropriétés faisant l’objet d’un accompagnement par Toulouse Métropole. L’obtention de ce label encourage les copropriétés à se fixer et à atteindre des objectifs précis, co-définis avec la métropole, tels que la diminution des impayés, la maîtrise des charges ou encore la mise en place d’un audit énergétique. Dans le cadre de ce dispositif, la métropole s’entoure également de bureaux d’études et d’associations dédiés à la maîtrise d’usage pour favoriser l’appropriation des travaux par les habitants. Ces partenaires entrent en contact direct et réguliers avec les habitants pour organiser et animer les réflexions autour des travaux de rénovation à engager au sein des copropriétés. Ils organisent à la fois le recueil des attentes, des besoins et des appréhensions des habitants ; et leur implication dans l’ensemble des prises de décisions en amont et pendant les travaux. Ces partenaires proposent sur les copropriétés, des activités telles que le théâtre forum, des débats mouvants, la réalisation de vidéos et autres temps collectifs. Cet accompagnement social et humain contribue à informer les habitants, à garantir le respect de leurs besoins et de leur bien-être, tout au long des travaux qui s’avèrent parfois contraignants.
Vignette : photo Antoine Darnaud