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L’efficacité énergétique des bâtiments repose autant sur leurs matériaux et équipements techniques que sur les modes de vie des habitants qui les occupent. Elle dépend également des savoir-faire et des compétences des professionnels qui façonnent ou assurent la gestion et la maintenance des bâtiments. L’évolution des manières de construire et d’habiter relève alors de nos capacités à déconstruire les réflexes et routines incorporés. Elle dépend également de nos capacités à comprendre et à nous adapter aux nouvelles pratiques et technologies de la transition énergétique. Par leurs actions d’information, de sensibilisation, de planification ou encore de soutiens financiers, les collectivités ont un rôle à jouer dans l’accompagnement des évolutions comportementales.

 

Informer et sensibiliser les usagers aux nouveaux usages de la transition énergétique

L’appropriation des enjeux et des actions associés à la rénovation énergétique des bâtiments privés passe avant tout par la diffusion de contenus d’informations. Ces contenus peuvent présenter à la fois les enjeux, les acteurs et les accompagnements à disposition sur les territoires. Les contenus peuvent aussi présenter les techniques pouvant être mobilisées pour s’engager dans des démarches de rénovation, au niveau individuel. Ces campagnes d’information peuvent ainsi prendre des formes diverses, allant de l’affichage grand public jusqu’à l’organisation de rencontres thématiques au cours d’évènements structurants de la collectivité – marchés hebdomadaires ; foires etc. Le boîtage peut également être mobilisé pour favoriser un acheminement homogène auprès des habitants sur son territoire.

II est important, en particulier, de veiller à la perception de ces campagnes. Une plaquette diffusée n’est pas synonyme d’une compréhension ou d’une adhésion par les individus. D’où l’importance de multiplier les démarches et les actions de communication, de sensibilisation et d’accompagnement, notamment auprès des personnes qui ne participent pas directement aux actions de rénovation, ou d’aménagement. La réussite des démarches de communication repose sur leur capacité d’adaptation aux différents profils d’usagers. En effet, la propension des usagers à s’engager ou non dans des travaux de rénovation énergétique varie selon différents facteurs :

  • le statut de locataire / propriétaire ;
  • le lieu et le type de résidence ;
  • l’âge ;
  • le nombre de déplacements quotidiens liés aux activités personnelles ou professionnelles.
  • la situation familiale ou financière ;
  • les aspirations en termes de confort …

L’ensemble de ces actions d’information permettent aux collectivités de présenter de la façon la plus homogène possible les grandes lignes de la stratégie énergétique aux usagers. Elles permettent en particulier de proposer des vocabulaires communs auprès de profils divers, différemment impliqués sur ces thématiques. Sur la base d’une culture commune autour des économies d’énergie, il s’agit ensuite d’attirer les habitants vers des actions personnalisées et adaptées tant au type de logement occupé qu’aux modes de vie. Ces actions d’information et de communication sont une première entrée pour accompagner la montée en compétences des usagers.

L’affichage des consommations énergétiques ou des techniques de rénovation mobilisées pour les bâtiments recevant du public constitue un levier de communication qui peut interpeller les usagers sur les enjeux, les actions et les retombées des démarches de rénovation.

 

S’appuyer sur les acteurs de la rénovation énergétique

Les collectivités peuvent s’appuyer sur les acteurs de la rénovation énergétique pour collecter et/ ou diffuser des contenus pertinents sur les techniques ou les aides à la rénovation.
Dans chaque département, les Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) produisent par exemple des fiches et des plaquettes présentant les enjeux et / ou leviers d’actions pour la rénovation. Ils proposent également un travail de veille à destination des professionnels et des particuliers sur les aides financières mises à disposition. Le CAUE de l’Ariège, entre autres, a réalisé en 2019 une fiche spécialisée sur la rénovation au regard des caractéristiques du bâti ancien du territoire.

La communauté de communes du SICOVAL s’appuie elle sur les équipes de sa plateforme territoriale de rénovation énergétique Soleval pour mettre à disposition des plaquettes informatives et proposer des ateliers thématiques. L’ensemble des contenus et des évènements sont diffusés sur une [plateforme dédiée à la rénovation des logements individuels, Renoval.

Le Muretain Agglomération s’adosse à La Turbine, son Espace Info Énergie, pour animer des rendez-vous publics autour des problématiques de rénovation énergétique et environnementale, relayés sur les sites et les espaces publics de l’agglomération. Ces rendez-vous contribuent également à la mise en relation des participants avec un conseiller.

Sur le même principe, l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat de Montpellier propose des “Cafés Réno” pour informer sur les modalités et les aides à la rénovation disponibles sur le territoire.

Le bilan 2017 des Espaces Info Énergie d’Occitanie fait état de près de 18 000 personnes sensibilisées à l’issue de 493 animations de ce type réalisées sur les territoires.

En complément de ces actions d’information et de sensibilisation, la mise en place de démarches de concertation permet de recueillir les attentes, les besoins et les suggestions des usagers avant d’envisager une rénovation énergétique de leur logement. En prenant connaissance de ces retours d’usagers, il devient plus facile pour la collectivité d’affiner son plan d’action afin de proposer des initiatives qui favorisent les lancements de travaux. Associer les usagers concernés à la définition des stratégies et des plans d’actions, incite à une plus grande implication au moment de leur mise en œuvre.

 

Permettre la montée en compétences des usagers dans la rénovation énergétique de leur logement

Une fois l’information sur les enjeux et les ambitions territoriales de transition énergétique transmise, il s’agit de prouver aux habitants qu’ils sont en capacité de contribuer à leur concrétisation.

Cela peut se matérialiser par la dotation d’outils de contrôle et de pilotage simples de leurs consommations énergétiques. En collectant et renseignant par eux-mêmes leurs données énergétiques, les usagers prennent davantage conscience de leurs consommations. Ils peuvent ainsi mieux se situer sur une échelle de consommations et vis-à-vis des ambitions communiquées par la collectivité. Cette prise de conscience permet également aux ménages de visualiser et de comprendre le budget qu’ils y consacrent. Cette première approche peut inciter les usagers à vouloir faire des économies, voire à réfléchir aux travaux éventuels à engager pour y parvenir.

Les dispositifs d’accompagnement sont une autre mesure qui permet de favoriser des évolutions comportementales. Le premier travail de l’accompagnant consiste à révéler à l’usager ses marges de manœuvres. L’accompagnement, qui s’appuie sur le dialogue, vise à identifier les besoins, les attentes, et les souhaits de l’usager pour son logement. Ce premier travail réflexif et personnel est complété par différentes actions qui contribuent à prouver que chacun, à son échelle, s’avère compétent pour opérer des changements, pourtant perçus comme contraignants au premier abord. Différentes méthodes d’innovation sociale proposent des mises en situation afin que les usagers réalisent par eux même la compatibilité des efforts demandés avec leur quotidien.

C’est par exemple le cas des Défis à Énergie Positive déployés sur plusieurs communes du Tarn-et-Garonne par le Conseil Départemental, en partenariat avec le CAUE, des centres sociaux et des conseillers d’Espaces Infos Énergie. Sur la base d’un “quiz- diagnostic” de leurs usages et consommations et d’un guide “eco-gestes”, plusieurs familles sont regroupées en équipes et visent à réduire globalement leurs consommations. Le suivi et l’évaluation de la progression est réalisée par les relevés et transmissions hebdomadaires ou mensuelles des consommations des familles de chaque équipe. A ces comptages s’ajoutent des ateliers axés autour de différentes thématiques -chauffage, eau, etc - pour favoriser les réductions de consommations ou réfléchir à des alternatives aux usages actuels. Une soirée bilan permet d’estimer les évolutions réalisées par équipe puis individuellement.

Le Château d’Arvieu, commune aveyronnaise, souhaite par exemple développer un laboratoire rural de transition environnementale en proposant des expériences immersives aux usagers. Sur la base d’activités, entres autres, de gestion des ressources (eau, bois, énergie), rénovation écologique et constructions légères réversibles, production maraîchère etc les usagers sont invités à étudier leurs besoins et pratiques du quotidien, en matière de vivre ensemble, de confort, d’habitat, d’alimentation, de travail ou encore de déplacement. Ce projet a été par ailleurs éligible au financement participatif citoyen, puisque lauréat de l’Appel à Projets “Mon action pour le Climat” de la Région Occitanie en 2020.

 

Accompagner la transition des professionnels pour le déploiement des techniques de sobriété énergétique

Au-delà des usagers, la sensibilisation des professionnels du bâtiment aux nouvelles techniques de construction et aux objectifs de rénovation constitue un enjeu fort. L’accompagnement des professionnels apporte une montée en compétences qui leur permet ensuite de rediriger les usagers vers les acteurs de la rénovation énergétique. Veiller à la formation des professionnels permet de disposer, au niveau local, des compétences requises pour la conduite de travaux de rénovation performants. L’offre en techniques de rénovation favorise sa massification sur leurs territoires. Il convient en effet de garder en tête que la délivrance des aides à la rénovation requiert la mobilisation de professionnels spécifiques, labellisés RGE.

La Région Occitanie anime par ailleurs la structuration des acteurs des filières du bâtiments à travers son Plan Bâtiment Durable 2020 –2030, annoncé en décembre 2019.
L’objectif est de partager un langage commun et réfléchir selon différents points de vue, aux actions pouvant appuyer les objectifs de transition énergétique régionaux.
Par exemple, le Contrat Territorial de l’Agglomération de Carcassonne possède un axe dédié à la mobilisation des acteurs du secteur autour de la rénovation.

Enfin, le Club Rénovation d’Envirobât est un autre exemple de structuration de la filière professionnelle au profit de la rénovation énergétique. Ce Club a pour vocation d’organiser la rencontre et le dialogue des différents professionnels de la rénovation et de fournir une “boite à outils” au profit des enjeux de sobriété énergétique visés par les territoires d’Occitanie.