La commune de Luc-sur-Aude (250 habitant·es) a créé un parc solaire citoyen avec l’adhésion de la population, dans un objectif d’autonomie énergétique. "1,2,3 Soleil" est le premier parc solaire citoyen français construit grâce au financement citoyen.
Description de l’action
Ce projet a été initié par la collectivité à la suite du premier appel à projets "Energies renouvelables coopératives et citoyennes" lancé par la Région et l’Ademe en 2014. L’installation a été mise en place en 2018 et fournit au village quasiment l’équivalent de sa consommation électrique hors chauffage.
Pour mener à bien cette action, deux démarches ont du être menées en parallèle : la création du parc solaire et l’adhésion de la population au projet.
Le contexte :
Le projet est né d’abord d’un diagnostic sur les économies d’énergies qui a porté sur tous les postes de consommation de la commune (eau, chauffage des bâtiments, éclairage public) ; à la suite duquel la commune a entamé des travaux soit pour diminuer la consommation, soit pour la maîtriser.
De ces actions est née la conviction que la maîtrise de l’énergie au niveau d’une commune est possible, et que le corollaire de cette gestion maîtrisée est aussi une production d’énergie à l’échelle locale. La commune, disposant d’un potentiel solaire intéressant a décidé de prendre en main son autonomie énergétique. La première action menée a été l’équipement de panneaux solaires sur le toit du foyer communal.
Par la suite, la commune a été sollicitée par plusieurs développeurs de projets photovoltaïques, projets qui n’ont jamais vu le jour. Par ailleurs une réflexion générale sur la participation citoyenne émergeait, et l’idée que la production d’énergie décentralisée soit accaparée uniquement par des projets à but financiers était insatisfaisante.
L’appel à projets de la Région Languedoc-Roussillon pour des projets participatifs de production d’énergies renouvelables a été l’élément déclencheur du projet.
Les objectifs :
La « vision » peut se résumer en 3 piliers :
- un parc non spéculatif dimensionné à la mesure des besoins de la population locale,
- un investissement citoyen rétribué à la hauteur des plus-values générées par le parc,
- une gouvernance citoyenne participative du projet.
La mise en oeuvre :
- Acteurs :
La commune de Luc-sur-Aude, les citoyens, Enercoop, Soleil du Midi, La Région Occitanie, l’ADEME, et plus largement le réseau (la NEF, ECLR...).
Pour la mobilisation citoyenne et le travail de communication autour du projet la commune a recruté un stagiaire et innové avec une démarche participative inclusive qui s’est révélée fructueuse puisque toutes les actions ont été vendues.
La mise en place du parc a mobilisé plusieurs partenaires : une PME audoise pour développer le projet, la plateforme de financement participatif Enerfip, le fournisseur d’électricité Enercoop, autour de la société de projet (SAS 123 Soleil) et des partenaires financiers (Région Occitanie et Ademe).
- Compétences Techniques :
Le développeur a géré les rapports avec Enedis, les aspects techniques de l’appel d’offres, la desserte, la construction et la surveillance
- Compétences Financières :
Le prestataire ENERFIP s’est occupé de la partie collecte des fonds et sécurisation de la gestion de ces fonds, garanties et assurances.
- Compétences Sociales :
L’association 1,2,3 Soleil a porté le projet auprès de la population avec l’appui d’un stagiaire (6 mois)
- Compétences Juridiques :
L’association, avec l’appui du stagiaire, a porté le projet jusqu’à la création de la SAS
- Etapes :
1 / Prise de conscience : réunir un groupe motivé et exposer le projet à la population. Une association 1901 « 1,2,3 soleil » a été constituée.
2 /Balisage administratif : réaliser les procédures administratives et autres procédures spécifiques liées au développement d’un parc solaire. C’est à cette étape qu’il a été choisi de déplacer le parc vers une zone fermée à plus faible valeur écologique.
3 / Étude sociologique : enquêter auprès d’un échantillon de la population afin d’identifier les craintes, les questions, les rumeurs, les envies, les motivations.
4 / La socialisation : réaliser une étude sociologique. Les documents qui vont porter le projet s’alimentent de ses résultats et cette étude permet de répondre aux craintes de manière argumentée.
5 / La mise en place des supports (juridiques, financiers, techniques) : l’association Loi 1901 « 1,2,3 soleil », la « SAS 1,2,3 soleil » qui héberge l’activité de production, Enercoop et le développeur Soleil du Midi pour le support technique, Enerfip pour le support financier.
6 / La communication : se doter d’outils de communication pensés par des professionnels pour faire passer le message de la levée de fond, montrer sa progression et créer de la documentation déclinée en affiches, flyer et brochure pour être distribuée dans les réseaux locaux et auprès de la population lucquoise.
7 / La réalisation : La réalisation une fois le financement assuré a été très rapide et en 3 semaines le parc était monté pour être raccordé le 01/12/2017.
- Moyens alloués pour la conception et le montage du projet :
Environ 20 000 € dont 14 000 € Ademe et Région (avance remboursable) et 4 000 € Mairie.
Ce budget a financé la phrase préparatoire : frais administratifs et d’organisation de réunions, recrutement du stagiaire.
- Moyens alloués pour la mise en œuvre annuelle :
Investissement total = 279 845€
Région : 100 000 €
Citoyens : 100 000 €
Investisseurs : 79 845 €
Prévisionnel atteint en phase de fonctionnement. Rémunération des actionnaires à hauteur de 2% la première année, jusqu’à 5% les années suivantes.
Des moyens alloués pour la suite ?
☐ Oui ☒ Non
Résultats obtenus
Après années de fonctionnement :
Le projet financier tient ses promesses et les actionnaires sont rémunérés à hauteur de leur participation par un dividende de 5%.
Le fonctionnement du parc est assuré bénévolement par l’administration de la SAS 1,2,3 soleil.
Le rendement énergétique est conforme à ce qui avait été prévu lors des études technico-financières.
- Les freins :
Des coûts de raccordement trop élevés et un manque de réactivité de la part du prestataire ont conduit à une année de retard. Ensuite la solution trouvée et mise en oeuvre par la commune (extension de réseau à partir d’un lotissement) a demandé une année supplémentaire.
- Les leviers :
- Le mécanisme d’avance remboursable (Région et Ademe) en phase de montage du projet
- Le dispositif "1 Citoyen = 1€ Région" très incitatif
- Le recrutement d’un stagiaire (= tierce personne) pour oeuvrer à l’adhésion des habitants
- La méthodologie d’enquête sociologique auprès de la population : choix d’un échantillon, réunions en soirée dans une ambiance familiale, classification en 3 groupes (pour/contre/neutre), argumentaire adapté aux diverses raisons évoquées.
Enseignements et bonnes pratiques
- Les bonnes pratiques :
- Projet précurseur en termes de méthode de travail avec les habitants. L’enquête sociologique a facilité les échanges avec les habitants et le travail de persuasion. Cette mission a été réalisé par un stagiaire, ce qui a contribué à la participation, une tierce personne étant mieux perçue par la population. Les familles sélectionnées étaient classées en trois groupes : pour/contre/neutre. L’objectif étant d’ apporter des réponses adaptées et argumentées à chacun pour les inciter à changer de groupe. Les argumentaires utilisés ont fait l’objet d’une plaquette.
- Donner sens au projet dans le territoire : prouver sa faisabilité et les gains financiers associés.
- Les écueils :
Veiller à anticiper tous les éléments techniques et financiers suffisamment en amont auprès de tous les opérateurs intervenants sur le projet.
Consulter la fiche détaillée de ce projet sur la librairie ADEME
Consulter la fiche de l’installation sur le site Energie Citoyenne en Occitanie
