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Il s’agit du deuxième webinaire du tronc commun du parcours d’accompagnement en cohorte des collectivités Occitanes, qui ont embarqué dans le “voyage en systémie” proposé en partenariat avec La Fabrique des Transitions. Cette séquence s’inscrit dans une série de 6 webinaires qui se déroulent entre mai et novembre 2024 et qui présentent les différentes dimensions de la conduite de changement systémique.

Le webinaire porte sur les 4 fondamentaux de la conduite du changement systémique. Ces 4 principes permettant de guider les territoires dans leur transformation systémique constituent le socle de la vision portée par la Fabrique des Transitions.

Avec les interventions de :

  • Julian Perdrigeat, Délégué de la Fabrique des transitions chez La fabrique des transitions
  • Le retour d’expérience inspirant d’Anaïs Grasset, Chargée de mission transition écologique chez PETR Causses et Cévennes (Occitanie)

Les 4 fondamentaux de la conduite de changement systémique

La concrétisation de ces 4 fondamentaux est issue des enseignements des recherches-actions menées dans les territoires pionniers des transitions en France (Loos-en-Gohelle, Malaunay, Grande Synthe, le Mené…). Ces savoirs ont lancé une dynamique multi-acteurs, dont l’intention était de gagner en puissance face aux enjeux de transition.
La transition correspond au passage du modèle actuel, notamment basé sur les énergies fossiles, vers un nouveau modèle. Cette transition suppose dans un premier temps de faire le deuil de l’ancien modèle, alors que le nouveau modèle reste à inventer et à imaginer. La transition se fait donc avec une certaine part d’inconnu, mais elle est motivée par le désir que peuvent en avoir les territoires.
La FDT a documenté les enseignements issus des expériences des territoires pionniers pour identifier les 4 fondamentaux de la conduite de changement systémique.

 

1. Créer et renforcer les conditions d’engagement, ici et maintenant

Nous ne nous engageons pas spontanément dans la transition : le contexte social et politique actuel nous amène même plutôt à subir la transition. Seuls les bénévoles et militants les plus convaincus s’engagent pour la transition. Par ailleurs, la majorité des individus intègrent les enjeux de transition à partir de leurs besoins propres. Les territoires pionniers ont mis en place leur transition à partir des motifs d’engagement de leurs habitants, afin de susciter l’envie d’agir.
Il convient sur ce point de travailler et d’agir sur les représentations et les imaginaires des personnes, en mettant l’accent sur la valorisation des patrimoines culturels et immatériels par exemple. La transition commence par ce sur quoi les habitants sont prêts à s’engager.

 

2. Agir en coopération, Tenir le cap et la durée collectivement

La transition vers un nouveau modèle suscite plein de controverses, par la pluralité des récits possibles et la complexité des enjeux. Pour gérer ces controverses, il faut favoriser les coopérations : prendre en charge les divers points de vue en intégrant une pluralité des récits, intégrer une multitude de points de vue et s’accorder sur nos désaccords. La coopération est la capacité à surmonter les rivalités pour mettre les différends et les conflits au travail.

La coopération se met en place selon trois dimensions :

  • Horizontale : entre collègues d’un même plan hiérarchique, entre pôles d’une même direction ou au sein d’un département d’entreprise. La coopération horizontale permet de renforcer la capacité à voir les choses au même plan au sein d’une même organisation.
  • Verticale : entre niveaux hiérarchiques ou administratifs ; entre échelles de responsabilités. La coopération verticale permet de coopérer entre les différents niveaux au sein de l’organisation et des cadres intermédiaires. Elle est cruciale pour construire des projets en partant de la réalité du travail.
  • Transversale : entre acteurs internes et externes de plusieurs organisations, par exem-
    ple entre un acteur public et les acteurs socio-économiques. Cette dimension de coopération permet de revoir le mode managérial en créant de nouveaux espaces de discussion.

 

3. Agir de façon systémique, impliquer les acteurs et élargir le cercle progressivement.

Une fois les deux premiers fondamentaux pris en compte, on peut s’intéresser à la dimension systémique de la transition. L’approche systémique correspond à la capacité à intégrer des enjeux qui peuvent paraître antagonistes et contradictoires, mais qui sont interreliés. On ne pourra pas intégrer tous les acteurs à tous les échelons, mais il convient de mettre les acteurs clés dans les rouages clés, en dépassant leur conflit et de les intégrer petit à petit dans la démarche.

La multiplicité des acteurs inclus nourrit le récit, afin de pérenniser la démarche, qui perdure malgré les entrées ou sorties d’acteurs au sein du processus. Les décisions à prendre nécessitent cependant de garantir un portage politique, pour donner de la stabilité à la démarche. Les fonctions supports doivent également être incluses à toutes les échelles afin de faciliter les échanges entre échelles de décisions.

 

4. Évaluer la valeur créer, s’intéresser aux effets de l’action sur le temps long

L’évaluation, c’est l’occasion de faire un pas de côté, pour révéler tout ce qui a été créé que l’on n’avait pas forcément remarqué, pour entendre le projet raconté par ses parties prenantes. Ce processus se met en place grâce à la création d’espaces de délibération, rassemblant un maximum d’acteurs engagés dans la démarche. C’est également une étape de réflexion sur les prochaines étapes. L’évaluation participe à la communication autour de la démarche, et doit être un temps de célébration à la fois des échecs et des réussites, à travers la mise en récit du processus.

 

Retours d’expérience d’Anaïs Grasset chargé de mission de mission de la transition écologique de PETR Causses et Cévennes

Le PETR Causse et Cévennes représente un territoire peu dense, versant sur plusieurs bassins de vie différents. Il est situé en plein cœur du Parc national des Cévennes et abrite notamment le sommet du Mont Aigoual, qui comprend aujourd’hui un centre d’interprétation du changement climatique. Le PETR porte un SCOT, qui a permis d’appuyer la question des transitions, via notamment le projet de territoire.

La transition touristique du territoire prend une place importante dans la démarche globale de transition. Elle s’est faite à travers le projet « Avenir Montagnes Ingénierie », porté par l’ANCT, comprenant notamment une réflexion sur le futur de la station de ski impactée par le changement climatique. Le PETR s’est porté volontaire pour devenir un territoire pilote du programme et bénéficié d’un accompagnement de la Fabrique des transitions. Cet engagement a été source d’opportunités et de nouveautés et a mobilisé les élus, les agents et certains acteurs socio-professionnels curieux de l’approche.

Au cours de la démarche, une analyse sensible a été menée par Jean-François Caron. C’est un moment d’écoute active avec les habitants. “On était assez curieux de savoir ce que cela pourrait donner, ce qu’allaient en penser les gens. Il s’est avéré qu’il a suscité un fort enthousiasme chez les personnes interrogées. Les retours de ces personnes mentionnent la bienveillance de l’échange, qui permet de revenir sur la place des individus et leur lien avec leur territoire”.

La restitution du diagnostic a été réalisée auprès d’un large public dans un cinéma, qui a fait salle comble pour l’occasion, afin de sortir des lieux institutionnels. Ça parlait aux gens, car on discutait de transition, mais aussi et surtout, du territoire. L’analyse sensible et ses recommandations ont mené à une prise de conscience sur les potentiels du territoire. Cette séquence a ouvert l’horizon des possibles, en suscitant un fort enthousiasme auprès des participants pour le travail en transversalité. Le groupe de travail s’est élargi suite à cet événement.

Des actions concrètes en sont ressorties, comme l’idée d’un circuit de randonnée pédestre qui relierait les bassins de vie du territoire. C’est une action qui semble simple, mais qui constitue un tremplin, un test de coopération entre les différents acteurs. Cela questionne les enjeux de tourisme, de déplacement, de convivialité. Maintenant, en tirant le fil, ça s’interconnecte avec les pôles d’échange multimodaux, avec la charte forestière, etc.

Ce qui a créé la dynamique d’engagement au sein de notre territoire, c’est la place de l’humain et du territoire au centre de l’action. On a également pris la mesure du potentiel de notre territoire pour une transition, et de son historique riche. La construction d’une vision positive et partagée du territoire se fait pas à pas, s’appuyant fortement sur le travail en groupes de pairs au sein de la collectivité. On a également créé un nouvel espace de dialogue.

On est encore un peu tôt pour l’évaluation. Le projet pilote s’est transformé en plan d’action global. La prise en compte des fondamentaux a permis au territoire d’avancer. On se demande aujourd’hui comment faire en sorte que cette dynamique perdure. Il nous faut par exemple travailler sur la temporalité des différents acteurs car nous n’avons pas les mêmes calendriers que les socioprofessionnels.

 

Pour aller plus loin :
Ref. Les 4 Fondamentaux de la conduite de changement systémique, La Fabrique des transitions, 2022