Avec La Fabrique des transitions.
Seconde journée collective du Tronc commun de la cohorte Occitane
24 juin 2024 - Toulouse - Hôtel de Région
Mathieu Gabard, écrivain poète.
Dehors, la Garonne. Ici, un grand bâtiment, et nous dedans. Aujourd’hui on cherche, on creuse, on discute, on approfondit. Et d’abord, on écoute.
Premier paysage, l’hémicycle
Aurore Colin nous dit un lien, une évaluation de plus en plus fine, l’action publique, remise au cœur du débat. La transition bas-carbone aura des conséquences positives sur la croissance et sur l’emploi. Rediriger les investissements vers le climat, refaire du lien avec les techniciens du climat et les financiers : on n’y arrivera pas par hasard, il faut se projeter à moyen terme. Il s’agit de renoncer à certains projets, faire des choix économiques assez forts à court terme pour ensuite développer des valeurs plus vertes et qui seront porteuses de valeur économique à moyen et long terme. Éviter l’ingérable, gérer l’inévitable.
On ne s’adapte pas de la même façon qu’on soit en Bretagne, dans les Vosges ou à Toulouse. Des bâtiments bien pensés pour être frais l’été. Mettre en arrêt une ligne ferroviaire ou la réparer. L’adaptation va dépendre du type d’action, pas seulement la valeur financière, mais la qualité de service.
Est-ce que vous avez la sensation d’apprendre des choses ? Est-ce que vous avez envie de réagir ? Envie de dire non c’est pas tout à fait comme ça chez moi ?
La caméra filme les intervenant.es sur grand écran, parler projette en grand.
Le changement climatique va frapper, pas toujours de manière régulière. On n’est plus sur la réflexion de "est ce que c’est opportun aujourd’hui, aujourd’hui on veut agir ?". Il faut être opérationnel pour l’action, ne pas chiffrer l’inaction.
On n’embarquera pas la population et les institutions que par la bonne conscience, c’est pour ça que c’est bien de chiffrer, d’évaluer. Détruire, ça coûte très cher, il vaut mieux éviter de détruire. Ne plus avoir peur de parler et d’économie et d’écologie dans la même phrase.
Deuxième paysage, la photo
La cohorte des territoires se prend en photo sur la scène de l’hémicycle. 28 personnes lèvent les bras
On n’est pas tout à fait au complet mais déjà ça nous fait une belle cohorte de territoires. Est-ce qu’il faut se resserrer un peu ou on est bien comme ça ? Ce modèle de transition se fait plus facilement quand on est en collectif. Ce qu’on invente c’est aussi une façon d’articuler les échelles.
Troisième paysage, le jeu de l’oie
On change de lieu : après manger on descend, dans les tréfonds de l’Hôtel de région, qui nous laisse découvrir une cour intérieure, de la vigne, un olivier, du soleil. En atelier, le jeu de l’oie.
Case piège, case en vert. Toujours en sincérité. Se laisser le temps de réfléchir à la manière de comment vous menez les choses. C’est très complexe. Solliciter le désir, envie d’agir. Comment rassembler ?
Le vieux village s’est déporté d’un autre côté avec les écoles et la mairie, il y a 2 villages. Un qui se dépeuple. Lien entre l’ancien village et le nouveau. Y a une départementale qui coupe les deux parties. Comment on fait pour urbaniser ? Pouvoir urbaniser sans artificialiser. Avec habitat léger. On ne prend pas sur les ressources en eau et en énergie. On ne touche pas au milieu, le milieu est fragile. On préserve la biodiversité. Pas d’énergie fossile. 200 habitants. 1 - pédagogie collective, 2 - aller voir les gens individuellement, et entre temps on a fait un magazine.
Perpignan c’est pas les Cévennes. La terre est dure. Et quand le vent souffle on voit pas à deux mètres avec la poussière.
Sursollicitation et burn out dans la durée. La fatigue physique et mentale. Il faut être ensemble. Voir qu’on avance ensemble ça nous évite d’être épuisé et déçu. Un projet qu’on porte seul, soit il vous saoule, soit des gens vont pas comprendre parce que pas le temps d’expliquer.
Fédérer. Tout seul on va plus vite. Ensemble on va plus loin. Si on veut emporter l’adhésion il faut avoir plusieurs personnes capables d’en parler de manières différentes. Travailler de manière transversale avec les adjoint.e.s. C’est ce qu’on essaie de faire, on est toutes et tous concerné.e.s par les sujets. Mais ça a son revers : on peut être sursollicité. S’épauler. Diversifier les communications. Repenser la manière dont on fait les réunions, de prendre les décisions, et travailler sur les inégalités dans les prises de paroles. Mettre un peu de gouvernance partagée dans nos équipes. S’écouter déjà.
Comment vous faites face aux résistances ? Les verbaliser. Trouver et comprendre les raisons. Retrouver un terrain de calme. Communication non-violente. Se projeter sur la fin. Ok ça coince là mais c’est quoi la finalité ? Mais c’est pas facile quand on sait pas où on va. Permettre un débat. Que les deux parties soient en mesure de se dire que ça vaut le coup de discuter. Poser les règles dès le début. Enjeux de pouvoir, comment faire pour discuter à égalité. Sortir de la rivalité et mettre les conflits au travail. Sortir de la posture. C’est un jeu de rôle aussi. Ça nécessite d’avoir une connaissance et conscience commune des enjeux.
Ça oblige à travailler les récits, si désaccords trouver une troisième voie.
On discute, on jette le dé, on tombe dans une case, on rebondit directement, il y a à dire, à parler, à échanger, ça fait du bien.
On a un dé virtuel, parce qu’on a pas de dé, je compte dans ma tête. Favoriser la confiance, reconnaître chacun dans sa compétence. Rester pragmatique. Faire à la hauteur des moyens. Sinon on se retrouve à ne pas faire ce qu’on a dit. Et le dégoût du politique, « y promettent et ne font rien ». Agir en coopération, c’est prendre en compte tous les points de vue même ceux qui sont contre à travers un processus transparent, parce que sinon ils ont l’impression qu’on leur cache des trucs et donc il y a des rumeurs.
Penser les projets de manière intergénérationnelle, ça ne s’arrête jamais, c’est infini. La transition c’est aussi une dynamique culturelle, populaire.
Petits espaces de respiration, inspirations mutuelles.
Faire un pas de côté. Sinon on a la tête dans le guidon, il y a des petites victoires, voyons ce qu’on fait.