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Mardi 28 mai 2024 de 9h00 à 11h00

Ce premier webinaire s’inscrit dans le cadre du parcours d’accompagnement en cohorte régional proposé en partenariat avec la Fabrique des transitions : un "voyage en systémie" dans lequel ont embarqué 8 collectivités Occitanes. Il fait partie d’une série de 6 webinaires qui constituent le tronc commun du parcours et qui se déroulent entre mai et novembre 2024, pour présenter les différentes dimensions de la conduite de changement systémique.
Le webinaire porte sur la prise en compte de la résilience territoriale, sous sa dimension systémique. Cette présentation a été l’occasion d’élargir la réflexion des collectivités, à partir de la prise en compte des risques liés au changement climatique auxquels elles sont exposées et des craintes qu’elles ont pu exprimer.

Avec les interventions de :

  • Benoît Thévard, Chef de projet des accompagnements en cohorte régionaux, de la Fabrique des Transitions et spécialiste des questions de résilience territoriale.
  • Le retour d’expérience inspirant de Laurent Fussien, directeur général des services, et Nolwenn Leostic, responsable service transition énergétique et écologique, de la commune de Malaunay (Normandie)

Réduire les risques et les vulnérabilités : la résilience territoriale

Selon le centre ressource du développement durable (Cerdd) , un territoire est résilient lorsqu’il est capable d’anticiper, de réagir et de s’adapter à des perturbations lentes ou brutales. Il a la capacité de rebondir et d’évoluer grâce à l’apprentissage, à l’adaptation et à l’innovation pour préserver ses fonctionnalités. Ainsi, la notion d’adaptation est fondamentale dans la définition de la résilience.

La conduite de changement vise à accompagner une transition du modèle actuel, basé sur les énergies fossiles, la reproduction des inégalités et la recherche de rendements supérieurs, à la fois puissant (car ancré) et vulnérable, vers un nouveau modèle, qui devra notamment être résilient face aux risques, qu’ils soient naturels, économiques, sociaux ou politiques. Le risque intervient quand se rencontrent deux éléments : un aléa et un enjeu. L’aléa correspond à l’événement qui survient. Il peut être de l’ordre du choc ponctuel (ex. choc liée à une pollution chimique) ou du stress chronique (ex. tensions liées à l’approvisionnement en eau). L’enjeu correspond à une caractéristique du territoire qui l’expose à l’aléa : une activité économique, des habitations… Le risque, qui peut conduire à la catastrophe, survient quand les deux se rencontrent.

Pour diminuer le risque, il est possible d’agir soit sur l’aléa, soit sur les enjeux. Or, les aléas sont appelés à se multiplier dans les années à venir, notamment sous l’influence du dépassement des limites planétaires, et à devenir de plus en plus imprévisibles. Il semble alors plus aisé d’agir sur les enjeux, en réduisant les vulnérabilités.

 

La résilience des territoires, le cas de Malaunay (Normandie)

Avec les témoignages de Laurent Fussien, directeur général des services, et Nolwenn Leostic, responsable service transition énergétique et écologique, de la commune de Malaunay (Normandie).

Malaunay est une commune de 6126 habitants, située en Seine-Maritime, en Normandie. La vulnérabilité du budget municipal marque le point d’entrée dans la réflexion sur la résilience dès 2006. Le niveau d’autofinancement faible avait été pointé par la préfecture, avec des dépenses en augmentation et des recettes en baisse. Les augmentations du coût de l’énergie ont amplifié les tensions dans la gestion du budget, avec notamment des vulnérabilités liées aux enjeux de logement et de mobilité. La démarche de transition a été structurée dans le cadre du programme TETE (ADEME) et s’est appuyée sur l’expérience d’autres territoires pionniers tels que Loos-en-Gohelle. Bien que l’entrée se soit faite par les aspects énergie-climat, la dimension systémique a été rapidement prise en compte, et la commune a piloté plus de 300 actions de transitions systémiques, sur des dimensions large de gouvernance, d’action culturelle et sociale… Parmi les projets portés, un service municipal d’accompagnement des initiatives citoyennes (SMAC) a été créé pour supporter les initiatives citoyennes sur les sujets environnementaux et sociaux, et le projet "La transition prend ses quartiers" propose des appels à projet à destination des habitants afin de favoriser leur implication.

La démarche s’est aussi inspirée de la vision de Pierre Calame qui propose de relier plusieurs échelles : micro au niveau du quartier, méso au niveau commune/interco et macro au niveau national/européen. Ainsi, la Ville de Malaunay a été particulièrement motrice à l’échelle de la Métropole Rouen Normandie en s’impliquant notamment dans la COP métropolitaine.

L’approche de la vulnérabilité de Malaunay :

Pour approcher nos vulnérabilités budgétaires, nous avons inventé les “NÉPENSES” : les dépenses futures que nous évitons, avec l’idée que ce qui coûte cher dans la transition, c’est l’inaction.

La transition énergétique sur notre territoire a notamment enclenché le passage vers les EnR, et du gaz vers la biomasse qui fournit aujourd’hui 65% de nos besoins. Entre 2006 et aujourd’hui, on a lissé la facture de notre consommation d’énergie, alors qu’elles ont souvent augmenté sur les autres collectivités. On a également divisé notre empreinte carbone par quatre depuis le début de cette démarche. Cela a permis d’autres bénéfices : le territoire est devenu plus attractif pour des projets novateurs et les habitants en tirent de la fierté.

Nous avons intégré la dimension adaptation grâce à la participation à l’opération “Résilience territoriale et coopération” (ADEME) sur 8 territoires (dont la Métropole Rouen Normandie) pendant deux ans. Cette démarche à permis la formation des équipes, entre pairs. Nous n’avons pas choisi d’y entrer via un choc sectoriel (alimentaire par ex.) et avons privilégié la dimension systémique, avec le Diagnostic 360.

Nous avons pu à cette occasion réaliser un état des connaissances scientifiques sur les vulnérabilités à Malaunay, à partir des données analysées par un cabinet. La condition de la résilience réside dans la connaissance de nos vulnérabilités. La stratégie de Malaunay a été de prendre en charge ce qui est à notre portée, via les politiques publiques, avec les acteurs du territoire, pour répondre aux besoins essentiels. Aujourd’hui, il y a une évaluation des vulnérabilités sur l’ensemble des services de la collectivité, dans l’idée de garantir l’exemplarité en termes de résilience des services.

La démarche de résilience s’appuie sur un outil, Malaunay 2030, pour aller collecter auprès des services toutes les sources de vulnérabilités dans le détail. Il faut aller à la rencontre des divers acteurs sur le territoire, malgré les résistances, pour établir le constat de nos vulnérabilités.

 

Quel lien avec les acteurs socio-économiques ?
La démarche lancée depuis longtemps nous a permis de créer un lien très fort avec les acteurs du territoire, avec notamment une personne chargée de l’animation du tissu économique. Aujourd’hui, nous menons un projet de communauté énergétique avec des entreprises, bailleurs, citoyens et la collectivité.

En définitive, nous avons tiré deux fils essentiels : la connaissance des vulnérabilités et la coopération. Grâce à cela, nous avons réussi à générer de l’engagement et à éviter l’éco-anxiété, au profit d’un sentiment d’encapacitation.

La résilience en pratique

De nombreuses ressources existent sur la résilience (ex : celles produites par Resilient cities, réseau de 100 métropoles à l’échelle mondiale). Celles produites par le CEREMA sont accessibles et peuvent être facilement appropriées, avec par exemple la Boussole de la résilience, qui met bien en valeur la dimension systémique. Ces outils proposent un cadre opérationnel à ce concept.

1/ Définition de la résilience :

  • capacité à résister, dans une certaine mesure (on résiste à une vague scélérate, mais pas à la montée du niveau des océans)
  • capacité à absorber la crise
  • capacité à recouvrer un fonctionnement stabilisé
  • capacité à évoluer en tirant les leçons de la crise

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2/ Les qualités de la résilience :

Les qualités d'un territoire résilient