Consommation d’eau, d’engrais, production, transport, tourisme, extraction… Depuis le milieu du XXe siècle, les activités humaines ont impacté de manière exponentielle tous les écosystèmes, au point que six des neuf “limites planétaires” sont déjà dépassées, menaçant ainsi l’équilibre de nos sociétés et du vivant.
Cependant, si l’équilibre climatique est un enjeu essentiel (au-delà de +1,5 ou 2 degrés, on ne maîtrise plus du tout ce qui peut arriver), il n’est pas le seul : l’eau, l’occupation des sols, ou encore l’érosion de la biodiversité sont tout aussi vitaux. Et malgré les COP, les CRTE, PCAET et autres acronymes et dispositifs, quand on regarde les trajectoires, nous n’arrivons pas à passer un cap de transformation nécessaire : le compte n’y est pas !
Et pour cause, est-ce possible de continuer à faire progresser notre PIB tel que défini actuellement tout en réduisant drastiquement nos consommations d’énergie et nos émissions de gaz à effet de serre, sachant qu’un tel découplage n’a jamais été observé à l’échelle mondiale ? C’est tout le paradoxe de la croissance dite “verte”.
Peut-être que nos indicateurs sont obsolètes et limités. Par exemple, l’indicateur carbone : ce n’est pas parce que je “décarbone” ma tronçonneuse qu’elle arrête de couper du bois ! Avoir un indicateur unique ne suffit pas. Décarboner d’une part pour produire plus d’autre part non plus, comme nous le rappelle “l’effet rebond” : depuis 1973, nous faisons de l’efficacité énergétique, et pourtant nous n’avons jamais autant consommé (nouveaux appareils connectés, développement de l’électronique, etc.).
Il faut sans doute s’interroger plus finement sur nos actions, même quand elles paraissent “vertes” ou semblent répondre à un besoin immédiat.
Par exemple, les ouvrages hydrauliques sont intéressants : ils présentent de nombreux d’avantages (irrigation, navigation, lutte contre les crues…) mais créent en même temps des retenues d’eau, une augmentation des prélèvements, une prolifération des algues, une transformation de la biodiversité, etc.
Il n’y a donc pas de solution toute prête, ni d’imaginaire parfait. Il coexiste d’ailleurs une diversité de représentations de la transition : collapsologie, décroissance, différents scénarios de l’Ademe… ! Cependant, la question reste toujours la même : comment cela se traduit concrètement dans nos territoires ? Quel que soit le modèle, il va falloir faire des choix techniques, sociaux et stratégiques.
Cependant, la question reste toujours la même : comment cela se traduit concrètement dans nos territoires ? Quel que soit le modèle, il va falloir faire des choix techniques, sociaux et stratégiques. Toutes les contraintes sont reliées (il n’y pas de pensée magique !) et la solution technologique seule n’est pas suffisante… C’est bien le modèle de développement qui doit être réinventé !
Pour aller plus loin : Les limites planétaires, un socle pour repenser nos modèles de société,
CERDD, 2021.