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Des expérimentations émergent depuis quelques années pour tester et développer la mobilité autonome. Connaître et comprendre la place du véhicule autonome dans la transition énergétique et l’aménagement du territoire permet de guider et d’accompagner les collectivités dans la prise en compte de cette future nouvelle forme de mobilité dans une approche prospective.

Le véhicule autonome n’a pas pour fonction première d’encourager la transition vers une mobilité durable. Il peut au contraire avoir des effets négatifs sur les actions de mobilité durable. Leur moteur thermique ou leur usage majoritairement individuel peuvent accentuer les impacts environnementaux. Il est donc essentiel pour les collectivités et les pouvoirs publics, d’encourager et d’orienter le développement de la mobilité autonome selon des objectifs de durabilité. Faute d’un encadrement suffisant, les véhicules autonomes risquent d’agir contre les évolutions en cours depuis quelques années à savoir lutter contre le réchauffement et tendre vers une mobilité décarbonée.

 

Définition et périmètre de la mobilité autonome

Le terme de véhicule autonome recouvre des réalités totalement différentes en matière d’usages et de formes de mobilité. Dans son programme Nouvelle France Industrielle, le gouvernement français définit chaque application du véhicule autonome selon la valeur d’usage que l’utilisateur peut en tirer et le niveau de difficulté technique et économique. Il met ainsi en évidence trois grands groupes d’usages.

Les véhicules autonomes particuliers
Le développement du véhicule autonome particulier est encouragé par les industriels automobiles. Son déploiement pourrait s’effectuer en plusieurs étapes, avec des premières utilisations dans des milieux fermés - autoroute, parking. L’enjeu reste cependant de tendre vers une mobilité durable et de prévenir la reproduction des schémas automobiles initiés 60 ans auparavant. Pour cela, les collectivités doivent destiner l’utilisation ponctuelle de tels véhicules dans des milieux spécifiques (milieu rural) où le transport est peu développé.

Les systèmes de transports autonomes
Les systèmes de transport collectif représentent le moyen le plus durable pour la mobilité autonome. L’objectif est d’orienter les voyageurs vers un usage partagé du véhicule autonome. Les transports collectifs autonomes regroupent plusieurs types :

  • les véhicules partagés, navette ou taxi-robot. Ils seront complémentaires aux transports existants pour proposer des offres supplémentaires et adaptées aux différents territoires.
  • les transports plus lourds (bus, tramway). Leur autonomie permettra une fréquence et une amplitude plus grandes. Les collectivités auront un rôle déterminant pour développer la complémentarité entre les offres et tendre vers un système de transport collectif autonome intégré.

La majeure partie des expérimentations porte sur les systèmes de transports partagés ou collectifs autonomes, à l’image du projet de la start up toulousaine EasyMile, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt Expérimentation du véhicule routier autonome (EVRA). Installée sur le site de l’Oncopôle de Toulouse, cette expérimentation vise à transporter les visiteurs du parking au centre de soins, et à terme à fournir un service complètement autonome sans opérateur à bord.

 

vehicule autonome EasyMile testé à l'occasion de la Mêlée Numerique a Toulouse

 

Les véhicules autonomes industriels
L’autonomie des véhicules sans opérateur à bord constitue un axe de développement important pour le transport de marchandises et la logistique. Elle permettrait de réaliser des économies d’échelle importantes, d’augmenter les amplitudes horaires et les fréquences de transport. C’est un des premiers secteurs où le véhicule autonome pourrait réellement s’implanter. Cela ne serait pas sans conséquences au niveau social et de l’emploi, et au risque de susciter de fortes oppositions. Il sera donc essentiel pour les pouvoirs publics, via leurs compétences en matière de développement économique, de soutenir cette filière du transport de marchandises autonome.
Sur la métropole montpellieraine, Twinswheel a développé un projet, lauréat également de l’AMI EVRA. Il vise à la mise en service de 2 droïdes logistiques qui permettront de livrer, soit des produits locaux vers les commerces et restaurants du centre-ville, avec STEF, soit des colis hubs logistiques et commerçants, avec La Poste.

 

Mobilité autonome : un moyen de tendre vers une mobilité plus durable ?

Les expérimentations en matière de véhicules autonomes s’effectuent majoritairement sur des véhicules électriques ou hybrides. Cela s’explique en partie car l’autonomie est plus facile à atteindre avec un moteur électrique, composé de nombreux éléments électroniques, qu’avec un moteur thermique classique. La corrélation entre autonomie et motorisation électrique pourrait permettre d’inscrire le véhicule autonome dans la transition actuellement en cours. Cette corrélation entre véhicule autonome et énergies alternatives doit s’accompagner d’un changement de comportement pour tendre réellement vers une mobilité autonome durable. Les pouvoirs publics ont ainsi un rôle primordial à jouer pour orienter la demande vers le transport collectif et la mobilité partagée. L’illustration, ci-dessous, apporte des précisions sur les risques et les opportunités que le développement de véhicule autonome peut induire sur la mobilité durable.

 

Risques et opportunités liés a la mobilite autonome
Source : BRIMONT Laura, SARTOR Olivier, SAUJOT Mathieu, Juin 2017, Comment accélérer la mobilité durables avec le véhicule autonome ? Issue Brief, n°02/17, IDDRI, 4p.
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Le Comité de filière véhicule autonome et connecté en Occitanie - VACO

Des expérimentations de mobilité autonome, dont le fort potentiel de développement est avéré, se mettent en place en Occitanie, Région qui en a fait une priorité de sa stratégie régionale de l’Innovation. Un comité de pilotage stratégique intitulé VACO (Véhicule autonome et connecté d’Occitanie) a été mis en place avec pour objectif de permettre à des véhicules autonomes de rouler sur routes ouvertes d’ici à 2022. Ce comité a statué sur 5 axes de développement de la filière :

  • fédérer les acteurs de la « Mobilité Intelligente et Durable » en Occitanie,
  • anticiper l’évolution des besoins en compétences et formations,
  • coordonner les actions de la filière sur les thématiques d’Innovation et de Recherche,
  • valoriser la filière et son attractivité,
  • identifier l’Occitanie comme région reconnue en matière d’expérimentations.