En 2017, l’Observatoire régional de l’énergie Occitanie indique un mix énergétique du secteur des transports encore largement dominé par les produits pétroliers (92%). En 2018, le secteur des transports représente 39% des consommations finales d’énergie à l’échelle régionale. La transition vers des carburants et des énergies alternatives et renouvelables s’impose.
Le scénario Région à Énergie Positive intègre un basculement vers des motorisations utilisant des énergies renouvelables. Cette trajectoire conduit à un mix de 3 technologies selon les usages : l’électricité, le bioGNV et l’hydrogène. L’appropriation par les territoires de ces enjeux et de la complémentarité entre ces énergies propres peut permettre le développement de solutions adaptées aux besoins de déplacements de la population.
L’électromobilité, une solution pour les territoires d’Occitanie
L’électromobilité est actuellement en plein développement. Elle représente pour de nombreux acteurs, une alternative vers des transports plus propres et plus durables, notamment pour remplacement de véhicules thermiques roulant beaucoup. Le véhicule électrique s’adapte particulièrement à l’auto-partage, nouveau service de mobilité et aux usages familiaux quotidiens. Il convient davantage aux véhicules utilitaires légers qu’aux véhicules lourds, en raison de l’impact généré par la fabrication de la batterie. La diffusion de l’électromobilité est portée par le développement du marché des véhicules rechargeables et le déploiement de bornes de recharge ouvertes au public.
Usages et enjeux de l’électromobilité en Occitanie
Qu’est-ce que l’ « électromobilité » ? La voiture électrique n’est pas la seule utilisation de l’électromobilité. Elle couvre l’ensemble des modes de transports et des systèmes de mobilité utilisant l’énergie électrique, pouvant aller des transports en communs aux modes actifs et aux objets de glisse urbaine.
Le véhicule électrique présente de nombreux atouts. Sa flexibilité permet d’envisager un nouvel usage de la voiture en l’adaptant aux besoins de déplacement des populations, à l’image des véhicules utilitaires légers ou des véhicules partagés. Le véhicule électrique est une réponse aux enjeux de réduction des émissions de polluants et de gaz à effet de serre. Il devient même indispensable avec les réglementations de plus en plus drastiques comme celles qui créent des Zones à Faibles Émissions. Ces zones sont des territoires dans lesquels seules certaines catégories de véhicules, répondant aux normes d’émissions, sont autorisées sur des plages horaires déterminées.
A noter qu’avant le 31 décembre 2020, toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants, et celles concernées par un Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) ou des dépassements réguliers des normes de qualité de l’air, sont tenues de mettre en place une zone à faibles émissions.
Le véhicule électrique, plus silencieux, accompagne également les engagements territoriaux en termes de lutte contre les nuisances sonores sur les territoires.
L’électricité est une opportunité pour favoriser l’émergence d’une mobilité servicielle, comme le libre-service vélo, et partagée comme l’autopartage.
Les apports de l’électromobilité en milieux urbains et péri-urbains
Réguler le développement des véhicules électriques et inciter les usagers à se tourner vers un usage partagé en milieu urbain et péri-urbain, permet de limiter la congestion et l’étalement urbain ainsi que l’autosolisme, même électrique. Le véhicule électrique constitue une réponse notamment en ce qui concerne la logistique urbaine et le « dernier kilomètre ». La faible autonomie du véhicule électrique le rend particulièrement adapté aux milieux urbain et péri-urbain, et aux déplacements de courte distance.
Les opportunités de l’électromobilité pour les zones à très faibles densité
L’électromobilité profite également aux territoires isolés et / ou à très faibles densité pour diversifier leurs options de mobilité. Dès l’automne 2021, la commune d’Appy en Ariège expérimentera le prêt de véhicules électriques pour ses 29 habitants, associés à l’installation d’une borne de recharge sur la commune. La Région Occitanie veille par ailleurs à proposer un déploiement équilibré des bornes de recharge sur son territoire.
Les aides à l’acquisition de véhicules électriques
A l’heure actuelle, il existe plusieurs aides favorisant l’achat ou l’acquisition de véhicules électriques ou hybrides à destination des particuliers et professionnels :
- les aides de l’État (prime à la conversion, bonus écologique et autres) ;
- les aides régionales, à l’image du dispositif Eco-chèque mobilité pour l’achat d’une voiture électrique ou hybride rechargeable d’occasion et VAE (vélo à assistance électrique) de la Région Occitanie.
En tant que collectivité locale, il est possible de proposer des aides à l’acquisition. Cependant, il est essentiel d’adjoindre à l’acquisition de ces véhicules une infrastructure de recharge adéquate.
Les infrastructures de recharge : indispensables pour déployer l’électromobilité sur les territoires d’Occitanie
L’autonomie restreinte et le manque de bornes de recharge constituent des freins logiques au déploiement du véhicule électrique.
Les usages actuels - compilés et analysés par la Direction générale des entreprises, le Ministère de la Transition Écologique et l’ADEME en juillet 2019 - montrent que cette recharge est essentiellement privée, au domicile ou sur le lieu de travail. Ces bornes de recharge privées sont soutenues par des aides telles qu’un crédit d’impôt de 30 % des dépenses engagées, ou bien par l’intermédiaire du programme Advenir. Cependant, l’implantation de bornes de recharge privées ne suffit pas à combler les besoins des véhicules électriques. Pour la compléter, le développement d’une infrastructure de recharge de service public s’impose.
L ‘article L. 2224-37 du code général des collectivités territoriales, indique que “les communes disposent de la compétence pour créer, entretenir et exploiter des bornes de recharge de véhicules électriques dans le cadre d’un service public en matière industrielle et commerciale”. Cette compétence peut être transférée aux intercommunalités et aux autorités organisatrices d’un réseau public de distribution d’électricité. En Occitanie, l’installation des infrastructures de recharge revient donc souvent aux syndicats départementaux d’énergie (SDE). Les SDE apportent de l’expertise technique, de l’accompagnement à la mise en place et aident au financement, en partenariat avec les communes et les intercommunalités. Les SDE peuvent également porter l’investissement et réaliser les travaux d’implantation des bornes.
À ce titre, neuf syndicats d’électricité de la région Occitanie, et les métropoles de Montpellier et de Toulouse, ont mis en place un réseau régional de bornes, intitulé Révéo. Ce réseau permet de proposer un service unifié sur ces territoires, en visant, à termes, son déploiement sur l’ensemble de la région. Le déploiement des plus de 1000 bornes de recharges comptabilisées en 2020 en Occitanie a pu se réaliser avec la participation financière des communes et des intercommunalités, mais également, avec une partie des investissements d’avenir de l’État, confiés à l’ADEME.
L’apport des bornes Révéo est de proposer une tarification avantageuse pour réaliser des pleins de nuit, bien que l’abonnement soit nécessaire pour pouvoir bénéficier du service. Une application smartphone permet de géolocaliser les bornes Révéo sur le trajet et surtout leur disponibilité en temps réel. Les premiers retours d’expériences font état d’une variabilité encore notable de la puissance de charge dans le temps.
D’autres syndicats, à l’image du Syndicat Départemental d’Énergie de la Haute-Garonne, ont mis en place leur propre réseau avec 100 bornes de recharge publiques installées sur le territoire, hors métropole toulousaine. À travers l’appel à projets IRVE (Infrastructure de recharge de véhicules électriques), l’ADEME a également mobilisé ces investissements d’avenir de l’Etat – aide financière aux SDE et 3 millions d’euros supplémentaires – pour financer des projets d’implantation de bornes.
BioGNV : un carburant alternatif aux retombées locales
A l’heure actuelle, le Gaz Naturel pour Véhicules (GNV) existe majoritairement sous sa forme non renouvelable. Mais à terme le bioGNV doit jouer un rôle majeur dans la transition énergétique. Cette source d’énergie présente de nombreux bénéfices, à la fois en termes d’usages mais également pour ses retombées économiques locales sur les territoires
BioGNV : des usages pour le transport lourd de voyageurs et de marchandises avec des retombées économiques locales pour les territoires
Le bioGNV représente une réelle solution alternative pour les transports en commun routiers, bus ou car, et le transport de marchandises, du fait de son importante autonomie. Cette autonomie permet des trajets longs. Un autre atout des véhicules alimentés en bioGNV réside dans leurs faibles émissions de CO2 et NOX en cours d’utilisation. L’alimentation en bioGNV accompagne ainsi les mesures de préservation de la qualité de l’air, notamment en milieux urbains. De nombreuses agglomérations ont choisi depuis longtemps ce carburant pour alimenter une partie de leurs flottes de bus, à l’image de la métropole toulousaine. Tisséo Collectivités alimente des bus au GNV depuis 2002. Autre exemple, des bus hybrides au GNV vont être mis en place progressivement par Nîmes Métropole d’ici 2021. Concernant les véhicules légers GNV, le développement est encore très marginal. Cela s’explique par un défaut d’infrastructures d’avitaillement et par la concurrence des véhicules électriques. Mais ces véhicules ont un fort potentiel de développement, en raison de la facilité à passer d’un véhicule thermique fonctionnant à l’essence, à un véhicule GNV ou bioGNV.
Le bioGNV peut être un atout majeur pour le développement de l’économie locale, via des circuits courts notamment en milieu rural. La production de bioGNV via des unités de méthanisation permet de diversifier le secteur agricole et d’offrir aux exploitants des revenus complémentaires.
BioGNV : l’importance des infrastructures d’avitaillement
A l’instar des autres énergies alternatives, les infrastructures d’avitaillement permettent d’assurer le déploiement du gaz naturel.
En matière d’infrastructures de recharges, on recense 2 types de stations :
- des stations de recharge lentes, adaptées aux flottes d’entreprises
- des stations de recharge rapides, adaptées à une utilisation en station-service, pour les particuliers
Les stations peuvent également être réparties sur des espaces recouvrant des caractéristiques différentes :
- le long des grands axes, afin de répondre aux besoins des véhicules couvrant de longues distances
- en milieu péri-urbain, majoritairement pour les flottes de poids lourds autour d’hubs logistiques par exemple
- en milieu urbain, principalement des stations d’appoint pour des véhicules légers.
Le développement de ces stations s’appuie sur des acteurs et des logiques de gouvernance différentes selon l’axe routier d’implantation : grands axes européens, axes régionaux, axes locaux...
En Occitanie, un projet d’envergure a vu le jour afin de mettre en place 20 stations GNV sur l’ensemble du territoire. Le projet Seven, lauréat de l’appel à projets « Solutions intégrées de mobilité GNV » de l’ADEME, fédère une quinzaine de collectivités pour développer de telles infrastructures de recharge à l’échelle régionale.
L’hydrogène, quelle place dans le système énergétique de mobilités en Occitanie ?
La mobilité hydrogène s’avère être, pour de nombreux acteurs, une brique importante pour décarboner l’ensemble des transports. Des solutions de mobilité hydrogène existent, se développent et sont déjà commercialisées et en exploitation en France et à l’international - bus, trains Véhicules utilitaires légers, taxis, vélos, charriots élévateurs…. Le développement de l’hydrogène décarboné est au cœur de la stratégie nationale bas carbone et du Plan de relance en France.
Cette technologie a l’avantage de pouvoir s’adapter à tout type de solutions de mobilité : deux roues, voitures, alimentation à quai, transports lourds. Des poids lourds, autocar, bateau et avion sont au stade de démonstrateur et expérimentation à différent niveau. La mobilité hydrogène complète l’électromobilité lorsque cette dernière s’avère moins autonome ou nécessite des temps de recharge plus long pour l’usage souhaité d’un véhicule. La place de l’hydrogène dans la transition énergétique apparait comme un levier de la transition énergétique.
L’hydrogène est un complément intéressant aux batteries électriques, envisagé à travers les piles à combustible en tant que prolongateur d’autonomie. Vecteur énergétique, l’hydrogène produit à partir de sources d’énergie renouvelable constitue également une solution de stockage de l’électricité, qui décorrèle le temps de la production et de la consommation. L’hydrogène vert, en favorisant l’électromobilité, est perçue comme une énergie alternative essentielle pour mener à bien la transition énergétique et favoriser le développement des énergies renouvelables.
La Région Occitanie a mis en place son Plan Hydrogène Vert afin d’apporter son soutien à la filière locale, et encourager le développement décarboné de cette énergie. Elle se dote de 150 millions d’euros, sur la période 2019-2030, pour soutenir les projets innovants. La Région encourage ainsi un déploiement de l’hydrogène au sein et avec les territoires. Elle propose pour cela plusieurs dispositifs de soutien financier : un appel à projet Territoires Hydrogène Occitanie ou encore un Dispositif d’aide à l’acquisition de véhicule professionnel hydrogène. L’ADEME accompagne la Région dans ces soutiens financiers au développement de la filière par deux appels à projets Ecosystèmes territoriaux hydrogène et Briques technologiques et démonstrateurs .
Ce soutien à la filière s’inscrit dans la volonté d’atteindre les objectifs que la Région s’est fixé dans son scénario Région à Energie Positive. Ainsi, la Région, avec l’agence Ad’Occ, l’AREC, l’ADEME et de nombreux acteurs régionaux, ont lancé HyDéO, afin de dynamiser une filière régionale, créatrice d’emplois et à forte retombées économiques locales sur le territoire.
Un développement réservé dans un premier temps aux flottes captives
Un des enjeux pour le développement de l’hydrogène est d’équilibrer le développement des véhicules avec le déploiement de l’infrastructure de recharge.
Son déploiement sera ainsi prioritairement réservé aux flottes captives, l’objectif étant de rentabiliser les infrastructures de recharges plus facilement. L’existence et l’accessibilité d’infrastructures de recharges contribuent à rassurer l’usager et encourager leur choix vers ce type des véhicules. En région Occitanie, des projets émergent, mettant en avant le développement d’infrastructures d’hydrogène vert et le déploiement d’une flotte captive : le projet Hyport sur les aéroports de Toulouse Blagnac et de Tarbes Lourdes Pyrénées. Ce projet, lauréat de l’appel à projets de l’ADEME « Écosystèmes de mobilité hydrogène », est porté par ENGIE Solutions etl’AREC Occitanie. Il vise à déployer des services de location de véhicules hydrogène comme les bus, véhicules utilitaires ou véhicules de tourisme sur et autour des zones aéroportuaires. D’autres projets sont également développés en Occitanie :
- le projet Hyd’Occ de production massive d’hydrogène vert dans un écosystème portuaire à Port-la-Nouvelle
- l’expansion de trains à hydrogène. Ceux-ci produits par Alstom, représentent une solution adaptée pour remplacer des lignes pour lesquelles l’électrification serait trop compliquée ou onéreuse. Leur déploiement ferait de l’Occitanie la première région de France à accueillir les trains à hydrogène sur la ligne Toulouse -Montréjeau-Luchon.
- le projet Montpellier Horizon Hydrogène (MH2) porté par la Métropole de Montpellier, de développement d’une flotte en zone urbaine de 21 bus hydrogène. Ces bus seront ravitaillés en hydrogène produit localement par électrolyse. Ce projet est notamment lauréat de l’AAP « Territoires Hydrogène » de la Région Occitanie et « Ecosystème de Mobilité Hydrogène » de l’ADEME