Le rôle des collectivités va au-delà de la prise en compte des déplacements de voyageurs et des offres de transport régulières pour coordonner la transition énergétique dans le domaine des mobilités. Il est important pour les pouvoirs publics locaux de s’intéresser à des enjeux spécifiques en matière de logistique, transport de marchandises ou encore de transports scolaires pour pérenniser le déploiement de mobilités durables sur leurs territoires. L’organisation de la transition énergétique des mobilités et des flux touristiques constitue un autre enjeu majeur pour les territoires d’Occitanie, une région très attractive dans le domaine.
Logistique et transport de marchandises : quelle prise en compte par les collectivités ?
Source de nombreuses externalités négatives pour les territoires, le transport de marchandises est souvent laissé de côté dans les documents de planification et les actions des collectivités, au profit du transport de voyageurs. Or, la logistique représente un enjeu majeur pour la transition énergétique des mobilités.
Le transport routier de marchandises représente une des premières sources de pollution de l’air, notamment avec les émissions de polluants atmosphériques telles que les particules PM10, PM2,5, les Ozydes d’azote (NOx) ou les composés organiques volatils (COV). De nombreuses initiatives émergent de la part des opérateurs privés de transport pour entamer une transition vers des énergies propres, tandis que les pouvoirs publics peuvent les accompagner.
La décarbonisation des transports routiers de marchandises représente un enjeu important pour la transition énergétique du domaine. Cela se manifeste différemment selon les typologies de territoires.
Le transport routier des marchandises pour les territoires urbains
Concernant les territoires urbains, l’enjeu se situe principalement autour d’une réorganisation de la logistique. Cela consiste en la création de hubs en périphérie de villes ou encore d’un rabattement et d’un approvisionnement de proximité effectué par des véhicules utilitaires légers, dans une logique du dernier kilomètre.
De nombreuses initiatives émergent pour une logistique urbaine propre, avec de nombreux véhicules utilitaires légers électriques ou au GNV par exemple. Des collectivités se sont emparées du sujet, à l’image de la ville de Toulouse, avec sa Charte de Livraisons en Centre-Ville pour une logistique urbaine innovante et durable.
Le transport routier des marchandises pour les territoires interurbains
Pour le transport de marchandises interurbain, l’enjeu se situe sur l’approvisionnement des véhicules routiers avec des énergies propres tel que le GNV, et à long terme le bioGNV et l’hydrogène. Pour cela les collectivités peuvent accompagner le développement d’une offre de véhicules propres par les transporteurs, par un déploiement des infrastructures de recharge. Le projet Seven Occitanie est un bon exemple de déploiement d’une infrastructure d’avitaillement GNV soutenu par les collectivités locales. Un des leviers pour tendre vers un transport de marchandises durable, est également d’inciter au report modal de la route vers le fret. Bien que le développement du fret ferroviaire en Occitanie soit plus faible en 2020 par rapport au transport routier de marchandises, la Région investit dans son développement notamment à travers les mesures prises lors des États Généraux du Rail et de l’InterModalité. La Région a ainsi défini une politique régionale en matière de développement du fret ferroviaire.
La mobilité scolaire : quelle organisation en Occitanie et quel rôle pour les collectivités ?
Structurer le transport des élèves représente un enjeu pour les différents territoires d’Occitanie, afin de proposer un service efficace et de permettre à l’ensemble de la population scolaire d’avoir accès aux établissements. L’offre de transport public scolaire est régulière mais relève d’une compétence spécifique, s’adressant à un public particulier. Depuis le 1er septembre 2017 et la loi NOTRe, la responsabilité de l’organisation et du fonctionnement de ces transports scolaires revient à la Région. Les transports scolaires ont été intégrés au service public de transports régional liO avec certaines spécificités départementales qui demeurent. Seul le transport spécial des élèves et étudiants handicapés fait exception, en demeurant la compétence des départements.
La loi prévoit deux dérogations au principe de responsabilité de la Région dans l’organisation et le fonctionnement des transports scolaires :
- À l’intérieur de leurs ressorts territoriaux, les autorités organisatrices de la mobilité sont responsables des transports scolaires ;
- Dans le cadre d’une convention, où la région confie l’organisation des transports scolaires aux départements, communes ainsi qu’aux EPCI, aux syndicats mixtes, aux établissements d’enseignement, aux associations de parents d’élèves et aux associations familiales. Ces structures deviennent ainsi autorités organisatrices de second rang (AO2).
Les enjeux de la mobilité touristique : engager la transition vers une mobilité touristique durable pour les territoires d’Occitanie
Dans une région connaissant une forte attractivité touristique, prendre en compte les flux touristiques est essentiel pour tendre vers une transition énergétique dans le domaine des déplacements.
Cette prise en compte de la part des collectivités locales peut se résumer par des actions portant sur les flux d’accès à la destination touristique et des actions portant sur les déplacements internes au territoire touristique.
Concernant les flux d’accès, cela peut consister à adapter les infrastructures et l’offre de transports quotidiens existantes pour les mobilités touristiques, mais également à promouvoir des usages partagés de la voiture, à développer les liaisons douces pour rejoindre ces sites. Les collectivités peuvent agir sur la régulation de la fréquentation touristique annuelle et territoriale, en proposant de nouveaux modèles de déplacements, à l’image du « slow tourism ». Cette pratique touristique privilégie l’utilisation de modes de déplacements doux et la rencontre avec les habitants du territoire. Le Comité Départemental du Gers, en partenariat avec la commune de Samatan, a par ailleurs accueilli les Journées du Slow Tourisme en Juin 2019.
En matière de flux touristique, l’analyse de la fréquentation touristique constitue un indicateur intéressant pour identifier les pics de fréquentation, la répartition temporelle ou encore la répartition spatiale de ces flux. Comme l’indiquent les chiffres clés 2018 du tourisme en Occitanie, les plus grandes variations se situent dans les sites avec le plus de « spécialités » touristiques, sur le littoral et dans les Pyrénées. À contrario, les territoires urbains connaissent une fréquentation plus lissée.
Les enjeux des flux internes à la destination touristique peuvent recouvrir plusieurs domaines : les modes actifs, le tourisme fluvial ou encore les énergies alternatives dans les solutions de mobilité. Les modes actifs représentent un enjeu important pour le développement d’un tourisme local propre et vert.
Le tourisme à vélo répond à une demande sociale. Les aménagements cyclables sont à considérer comme des outils de revitalisation rurale, vecteurs d’activité économique, de tourisme et de mobilité durable en complément des services de mobilités quotidiens qu’ils rendent aux habitants du territoire. De nombreux territoires ont investi ce domaine pour mettre en avant leurs atouts touristiques à travers une offre cyclable adaptée. C’est notamment le cas du Parc naturel régional du Haut-Languedoc et de sa voie verte PassaPaïs.
En région, de nombreuses voies vertes et des vélo routes ont été mises en place par les collectivités, cartographiées par les services touristiques régionaux).
Vignette : Laurent Boutonnet - Région Occitanie