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Répondre aux défis de la sobriété, de l’efficacité et du développement des énergies renouvelables implique de revoir nos manières de penser et d’aménager l’espace. La transition énergétique suppose en effet de passer d’une production centralisée à une production décentralisée et répartie sur le territoire.
Qu’il s’agisse de construction, d’organisation des mobilités, de formes urbaines, d’espaces naturels ou agricoles, de production d’énergie… le territoire est façonné par les nouveaux modèles de développement local.

 

Les paysages d'Occitanie, une ressource pour la transition énergétique Souvent évoqué sous l’angle de la préservation et perçu par les pétitionnaires comme l’une des contraintes qui s’imposent aux projets, le paysage peut aussi être abordé comme une ressource pour les projets dans la mesure où il participe de la stratégie énergétique locale.

 

C’est ce que tend à démontrer la plaquette élaboré conjointement par la DREAL et les CAUE d’Occitanie "Les paysages d’Occitanie, une ressource pour la transition énergétique", qui explique comment la prise en compte du paysage dans une stratégie de transition énergétique constitue un atout pour sa mise en œuvre.

 

Le paysage, porteur de sens pour les populations

Le paysage ne peut être réduit à une ressource esthétique ou visuelle, il ne doit pas non plus être considéré comme une ressource naturelle. Le paysage est une véritable ressource paysagère à partir de laquelle il est possible de décrire le territoire. Il est un moyen d’échanger autour de sa valeur collective, de ses usages et de son évolution.
La ressource paysagère recouvre différentes dimensions en fonction de l’angle sous lequel elle est approchée :

  • Le paysage comme une ressource de nature : support de biodiversité, écosystèmes ou agro-écosystèmes.
  • Le paysage comme une ressource économique : attractivité résidentielle et touristique, support de production. Le paysage, objet du marketing territorial.
  • Le paysage comme une ressource sociale et culturelle : bien-être et santé des populations, attachement et sentiment d’appartenance, source d’inspiration et de représentation du vécu personnel, source de lien social.
  • Le paysage comme une ressource politique : bien commun en tant qu’espace collectif concret mais aussi en tant qu’espace de discussion et support potentiel de débat public et de démarche de démocratie participative.

Pour illustrer cette approche multidimensionnelle, on peut citer le plan d’action global mis en place sur le massif du Canigo dans les Pyrénées Orientales, autour d’un développement touristique durable, qui associe :

  • valorisation du patrimoine paysager et patrimonial (patrimoine minier et paysages pastoraux) et développement touristique durable,
  • sobriété énergétique en réduisant la place de la voiture (suppression de parkings, promotion de la mobilité douce par des randonnées à pied ou à dos d’âne),
  • préservation et restauration de la biodiversité (fermeture de pistes d’accès autrefois autorisées aux voitures et réaménagement de celles-ci en voie verte)

Le paysage, bien commun et partagé

Le paysage est un bien commun, partagé par tous, mais avec une approche différente en fonction de la sensibilité personnelle, de l’héritage culturel et des valeurs qui y sont rattachés.
Le paysage participe pleinement au cadre de vie, il est un élément important de la qualité de vie des citoyens et contribue au bien être individuel et collectif.
C’est un espace vécu qui a vocation à évoluer. Le paysage que l’on perçoit à un instant est le résultat de dynamiques naturelles et humaines passées et présentes, qui dans le futur, lui donneront une autre forme.
Une culture commune est nécessaire pour construire collectivement une représentation partagée par tous et ancrer un projet dans un paysage donné.
Pour inscrire le territoire et ses acteurs dans une démarche de transition énergétique, la dynamique paysagère doit être connue et partagée par les aménageurs, les collectivités et les citoyens. Pour parvenir à un consensus qui prenne en compte la diversité des regards, la ressource paysagère doit être valorisée dans ses différentes représentations.

Des outils existent pour faciliter cette acculturation au paysage, en voici quelques exemples.

Les atlas de paysages sont des outils réglementaires de connaissance du territoire (article L350-1-B du code de l’environnement), d’identification des dynamiques et des enjeux. Ils sont élaborés à l’échelle départementale et actualisés périodiquement. Ils constituent les documents de référence pour une première connaissance générale des paysages d’un territoire donné.

Les chartes paysagères sont des démarches volontaires qui visent à établir un cadre qualitatif pour l’aménagement du territoire. Ce sont de véritables outils de sensibilisation et de communication à l’attention des aménageurs, tant publics que privés (élus, promoteurs, habitants…). Elles sont portées par les acteurs du territoire concerné, territoire qui peut être une commune, une intercommunalité, un PETR, un PNR, etc.
La conception d’une charte est l’occasion de partager une culture architecturale et paysagère et d’impliquer le public, les associations, les agents des collectivités et les élus dans la connaissance et le respect du cadre de vie pour éviter une banalisation des paysages.

Les récits de paysages permettent d’illustrer les évolutions du paysage dans le temps. Ils racontent une trajectoire de développement et permettent d’en comprendre les racines, les étapes et l’horizon que l’on vise. C’est aussi une histoire dans laquelle on voit la place de chacun. L’implication des habitants est tout aussi primordiale que celle des partenaires institutionnels et économiques, pour donner vie à cette mise en récit.

Les « lectures de paysage » peuvent aussi être une opportunité pour se questionner collectivement sur les composantes paysagères et faire ressortir les différents référents auxquels renvoie le paysage : écologique, agricole, social, esthétique.

 

Le paysage, sa dimension « utile » et sa dimension « affective »

Le paysage revêt une double dimension : culturelle et matérielle, qui permet de questionner et d’intégrer aux propositions d’aménagement la complexité des relations qui existent :

  • entre l’identité des lieux, les modes de vie et les usages locaux,
  • entre les acteurs et les parties prenantes d’un territoire,

ainsi que les modes de gouvernance entre les décideurs et les usagers.

Le paysage traduit aussi la relation existentielle des habitants à leur territoire. De ce point de vue la ressource paysagère fonde sa valeur dans une dimension socio-culturelle se traduisant en particulier dans le sentiment d’appartenance à un territoire entremêlant les dimensions utilitaires, esthétique et symbolique.
Une réflexion qualitative s’impose pour appréhender cette dimension subjective, prendre connaissance des regards et des perceptions des citoyens afin d’orienter les échanges autour d’un projet ou d’un potentiel site identifié. Pour cela, la communication devra s’attacher à mettre en valeur les impacts positifs des évolutions paysagères engendrées par le projet de transition énergétique : préservation de la qualité de l’air, du cadre de vie ; ainsi que les valeurs patrimoniales, « symboliques » (sensibilités culturelles), et affectives (vécu des lieux à différents âges, voir notre article « l’évolution des paysages de l’énergie »).

Chaufferie bois collective à Saint-Germain-du-Bel-Air (Lot)

On peut citer ici certaines collectivités qui ont mis en place une trame noire (Communes d’Aulon, Montner, PNR des Cévennes, PNR des Causses du Quercy, Pic du Midi ..) qui concilie économies d’énergies et préservation de la biodiversité.

Autre exemple : le parc éolien de la Luzette (Lot et Cantal) : lors du développement, les habitants ont bénéficié de plusieurs supports d’informations sur le projet : courriers, réunions publiques, etc. La diffusion d’un questionnaire par le développeur a eu pour but de s’assurer que la communication était bien passée. Il s’agissait également d’avoir le retour des citoyens sur ce qu’ils pensaient de l’éolien, et pour connaître leur rapport avec le lieu d’implantation des machines. Suite à cela, un sentier botanique à proximité du parc a été entièrement repensé, enrichi (par les études environnementales réalisées), puis prolongé en sentier des éoliennes par le développeur ce qui a permis un développement culturel et touristique local du site.