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Le paysage est pour la collectivité un élément déterminant du cadre et de la qualité de vie de ses habitants, et donc de son attractivité. Il constitue aussi une ressource dans la définition d’un projet territorialisé de transition énergétique.
Pour répondre au double défi d’engager leur territoire dans la dynamique de l’Accord de Paris et de la trajectoire REPOS, tout en préservant leur richesse environnementale et paysagère, des collectivités ont pris des initiatives (voir à cet égard notre article "Quels outils pour mettre en œuvre une politique énergétique et paysagère ? ") qui ont permis de faire émerger certains éléments clés indispensables à une transition énergétique et paysagère fructueuse.

 

La sollicitation d’un paysagiste-concepteur dès le lancement des projets

Pour faire du paysage une finalité de la transition énergétique, il est nécessaire d’inscrire la démarche de transition dans une trajectoire respectueuse des spécificités locales. Le projet doit être pensé dans le paysage et dès sa phase de conception.
Qu’il s’agisse de penser la transition énergétique sur son territoire ou l’implantation d’une énergie renouvelable sur un territoire, il est important d’intégrer dès le départ un paysagiste-concepteur dans l’équipe de conception du projet.
Ainsi, dans un projet de développement d’énergie renouvelable, la contribution d’un paysagiste-concepteur sera notamment nécessaire pour :

  • l’optimisation des choix d’implantation au regard des enjeux de paysage ;
  • le suivi des itérations entre la technique et le paysage, en lien étroit avec les phases de concertation ;
  • l’aide au choix de la solution la mieux intégrée.

Le paysagiste-concepteur pourra proposer par exemple comme principes d’intégration :

  • le choix de visibilité ou de discrétion,
  • l’inscription dans les entités paysagères et le respect des lignes de force,
  • la contribution à la modernisation du paysage et de l’architecture,
  • la vigilance par rapport aux masques solaires pour le solaire, vents principaux pour l’éolien, vents contraires pour les odeurs éventuelles en lien avec la méthanisation,
  • la contribution à l’entretien du paysage (bois énergie).

Il est important de prévoir des marges de manœuvre au paysagiste-concepteur ainsi que des capacités d’itération tout au long de la démarche de projet.
Cette expertise par un paysagiste-concepteur pourra être enrichie des compétences de spécialistes - architecte, urbaniste, agronome, sciences de l’environnement, ingénieur en travaux publics, sociologue, historien... - en fonction de l’espace géographique concerné, pour produire un projet qualitatif à dimension paysagère. Cette expertise multidisciplinaire s’enrichit aussi du dialogue avec les acteurs et de la prise en compte des contraintes techniques et financières du projet.

 

L’information et la concertation avec les habitants le plus en amont possible et tout au long des projets

Atelier Projet
Traiter de la question paysagère dès l’amont du projet, c’est permettre l’appropriation du projet par les participants de la concertation, population ou même experts. Initier la concertation le plus tôt possible permet d’intégrer les différentes préoccupations, sources de conflits éventuelles, et valoriser les atouts et potentialités identifiées afin de parvenir in fine a un consensus acceptable par tous. Les questions que posent le projet (emprise sur les ressources naturelles, faisabilité économique et juridique, usages et services connexes, esthétique…) sont à traiter dans une vision globale. Partant d’une lecture de paysage, le travail peut déboucher alors sur des projets ambitieux traitant à la fois d’énergie, de développement local et de paysage.
Dans la communication autour du projet, il est préférable de bannir l’approche purement technique et d’appréhender la transition énergétique sous différents angles : économies d’énergies, retombées économiques locales, impacts environnementaux, nouveaux modes de consommation...
Par exemple, faire le lien entre les impacts paysagers et les retombées économiques locales au travers la création d’emplois locaux, la réduction de la facture énergétique du territoire, l’autonomie énergétique, la réduction de la précarité (logement et transports). Les énergies renouvelables représentent aussi des opportunités de développement et de valorisation du territoire, notamment si les projets sont développés par des structures locales à retombées fiscales locales.

Pour faciliter l’acceptabilité du projet, la transition énergétique doit être abordée comme un projet qui interfère avec de nombreux domaines : habitat, mobilité, agriculture, tourisme, biodiversité, cadre de vie, patrimoine… Car chaque habitant d’un territoire a une expertise : territoire qu’il habite, dans lequel il se déplace, il travaille, entretient des relations, pratique des loisirs, aspire à un cadre de vie.. qui doit être prise en compte.
La mise en commun de ces différents regards d’experts citoyens doit donner lieu à une expertise collective pour aboutir à un projet commun et partagé par tous. Le citoyen doit participer activement à la coconstruction du paysage du futur.

Pour alimenter cette phase de concertation, il est possible de s’appuyer sur des dispositifs et structures existants, comme :

  • les espaces d’échanges (pôles Enr au sein de DDT par exemple),
  • les plateformes en ligne avec des espaces de discussion et présentation de retours d’expériences, comme celle proposée par l’ADEME
  • les acteurs de la transition énergétique et paysage

Voir à cet égard notre article Les acteurs de la transition énergétique et paysagère

La lecture de paysage peut être complétée ou remplacée par le lancement d’une concertation spécifique pour définir collectivement des principes d’intégration en fonction des caractéristiques paysagères du site et des éléments propres au projet.

 

L’association des acteurs locaux à la vie du projet voire le portage local des projets

Les acteurs locaux doivent contribuer au diagnostic, participer à la planification et au suivi du projet. Ils sont les experts d’usage du territoire et disposent d’une connaissance sensible des enjeux locaux. Ils peuvent enrichir et orienter le projet de transition et jouer le rôle d’interface auprès des habitants.
La cartographie des filières mobilisées autour d’un projet d’énergie renouvelable peut être un outil de mobilisation des acteurs.
Leur participation financière au montage de certains projets peut constituer un atout complémentaire.

L’élu ou le responsable local doit jouer le rôle de chef d’orchestre des différentes parties prenantes. Il coordonne, anime, supervise et choisit les acteurs à associer. Pour sa connaissance fine des ressources du territoire, des forces vives en présence, des enjeux territoriaux et des choix de développement, il doit être l’interlocuteur de référence et être en capacité de choisir les opérateurs adaptés à la vision du territoire du futur.

 

Autres voies possibles

La recherche d’innovations pour concilier aspects technique, économique, réglementaire et esthétique est une voie intéressante et qui peut contribuer au développement local. Dans ce cas, les équipes en charge des études techniques et économiques réalisent les études de faisabilité en coopération étroite avec l’architecte et le paysagiste-concepteur mobilisés et des compétences des entreprises locales. Ce doit être un travail d’équipe dans lequel chacun a sa part pour le bénéfice du projet.
Les collectivités peuvent aussi s’appuyer sur les retours d’expériences et les nombreux guides de recommandations existants sur le sujet et riches d’enseignements et de recommandations. Certains ont été cités dans les articles constitutifs de ce dossier.