L’être humain passe environ 80 % de son temps dans des espaces clos. Il est in fine plus exposé à la pollution de l’air intérieur qu’à celle de l’air extérieur.
Les enjeux sanitaires et économiques liés à la qualité de l’air intérieur sont importants. En France, on estime à 19 milliards d’euros par an le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur et à 20 000 le nombre annuel des décès (étude ANSES et OQAI – 2014). La question de la qualité de l’air intérieur est devenue une préoccupation majeure de santé publique. L’ensemble de la population est concerné, et plus particulièrement les personnes sensibles et fragiles (enfants, personnes âgées ou immunodéprimées, malades pulmonaires chroniques).
La loi portant engagement national pour l’environnement (dite « Loi grenelle 2 ») du 12 Juillet 2010, a rendu obligatoire la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans certains établissements recevant un public sensible. Le décret n° 2015-1000 du 17 août 2015 a fixé les échéances suivantes : 1er janvier 2018 pour les écoles maternelles, élémentaires et crèches, 1er janvier 2020 pour les accueils de loisirs et les établissements d’enseignement du second degré, et 1er janvier 2023 pour les autres établissements.
Malgré ces avancées, le baromètre d’opinion sur la qualité de l’air et l’énergie ADEME 2022 montre une hausse globale de l’inquiétude des Français concernant la qualité de l’air intérieur, en premier lieu dans les transports, mais également dans les bâtiments scolaires.
Il est donc important et urgent de mettre en œuvre des actions pour préserver et améliorer la qualité de l’air intérieur. La Région Occitanie œuvre déjà en ce sens depuis quelques années. Elle a installé des capteurs de CO2 dans les 225 lycées de la région, pour effectuer des mesures régulières de suivi de la qualité de l’air.
Habiter autrement pour préserver la qualité de l’air
L’amélioration de la qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments passe par la limitation des sources de pollution dans le choix des matériaux de construction, des produits d’entretien, par un renouvellement d’air adapté et par une modification des comportements.
A noter toutefois que les conditions matérielles de logement (confort, densité d’occupation, âge du logement) et les revenus des ménages peuvent influer sur la capacité des ménages à adopter de nouvelles pratiques. Le revenu du ménage, au-delà d’être un indicateur de sa fragilité sanitaire, détermine sa capacité à réaliser des travaux de rénovation de l’habitat pour en améliorer le confort et les conditions de vie.
Le dispositif Renov’Occitanie de la région Occitanie est un des éléments de réponse à cette problématique. Il facilite la rénovation énergétique des logements privés et des co-propriétés. Pour cela, il propose une approche globale qui prend en compte l’isolation de l’enveloppe, la ventilation, le système de chauffage et les éco-gestes du quotidien.
La collectivité peut aussi donner l’exemple en systématisant la prise en compte de la qualité de l’air intérieur dans la gestion des bâtiments publics.
L’amélioration de la qualité de l’air à l’intérieur des bâtiments passe alors par la limitation des sources de pollution dans le choix des matériaux de construction (matériaux de construction et décoration certifiés A+, produits écolabellisés pour les peintures), des produits d’entretien écolabellisés, et par un renouvellement d’air adapté. Des dispositions peuvent être prises pour que les prises d’air pour l’aération des bâtiments neufs ou rénovés soient orientées vers les zones les moins polluées, en particulier à proximité des grands axes routiers, où les concentrations en polluants sont les plus élevées.
Dans son programme d’aménagement du territoire, la collectivité peut prévoir que les nouveaux bâtiments qui accueillent des publics sensibles, comme par exemples les crèches, les écoles, les EHPAD, soient éloignés des grands axes routiers. Le SCoT du Pays Comminges Pyrénées a inscrit une recommandation en ce sens dans son DOO : « Afin de limiter les nuisances sonores et les problématiques de santé liées à la pollution atmosphérique générée par les transports, les documents d’urbanisme peuvent limiter l’urbanisation à proximité des principaux axes routiers ou des installations bruyantes, en particulier pour certains établissements sensibles (petite enfance, scolaire, médical, etc.) ».
Autres exemples :
- la commune de Négrepelisse (82) a réalisé l’extension de l’école maternelle selon la démarche Haute Qualité Environnementale. Les cibles prioritaires sont la qualité de l’air et la consommation d’énergie.
- la Communauté d’Agglomération Gaillac-Graulhet s’est engagée à surveiller la qualité de l’air intérieur des établissements recevant du public, en accord avec la loi Grenelle 2. Pour ce faire, la communauté d’agglomération a décidé de procéder par étapes, en commençant par les bâtiments qui accueillent les plus jeunes enfants : les crèches. Viendront ensuite les écoles maternelles puis élémentaires, ainsi que l’ensemble des établissements recevant du public. Parmi les actions engagées, on trouve l’acquisition de capteurs communicants avec le programme ACTEE2.
- dans le cas de l’école élémentaire BEPOS (Bâtiment à énergie positive) de Saint Antonin Noble Val (82), la collectivité a souhaité réaliser un bâtiment à haute valeur écologique, qui respecte la santé des enfants et des utilisateurs. Toutes les composantes nécessaires à une bonne acoustique et une bonne qualité de l’air intérieur ont été mises en place. Une communication et une information des usagers est à ce stade nécessaire pour en garantir l’efficacité.
 
Pour aller plus loin : méthode ECRAINS® : engagement à construire pour un air intérieur sain
Et parce que préserver l’air c’est l’affaire de tous, les collectivités peuvent sensibiliser leurs populations aux problèmes de qualité de l’air intérieur en leur rappelant les gestes du quotidien (aérer régulièrement son logement, réduire les sources de pollution : fumées, produits d’entretiens…).
Chauffage au bois et qualité de l’air
Le secteur résidentiel, et notamment le chauffage au bois des logements est un fort contributeur aux émissions de particules fines (PM2.5) du territoire. Ces émissions sont majoritairement dues à une utilisation de mauvaise qualité du bois énergie (donnée ATMO, 2018).
Selon le baromètre ADEME, mentionné ci-dessus, pour la première fois, moins d’un tiers des Français déclare utiliser le chauffage individuel au bois (30%). Cette baisse provient quasi exclusivement de la baisse de l’usage plaisir ou d’agrément de ce mode chauffage. Car dans l’ensemble, les Français ont peu conscience de l’impact que le chauffage au bois peut avoir sur la qualité de l’air (seulement 10% le désignent comme une source de pollution).
Pourtant le bois énergie, bien que peu émetteur de gaz à effet de serre (le CO2 émis lors de la combustion est compensé par le CO2 capté lors de la croissance de l’arbre), peut constituer une source importante d’émissions de polluants si la combustion n’est pas effectuée dans de bonnes conditions (bois insuffisamment sec, appareil qui n’est pas entretenu et utilisé correctement, appareil ancien peu performant – par exemple non labellisé flamme verte). voir le guide de l’ADEME "bien chauffer au bois, moins polluer"
Le renouvellement des appareils de chauffage au bois impacte donc fortement la réduction des émissions polluantes des logements. Pour une même quantité d’énergie produite, un poêle performant émet 80% de particules fines (PM2.5) en moins qu’une cheminée ouverte.
Dans le cadre de la Loi Climat et Résilience, un objectif d’une baisse de 50 % des émissions de particules fines entre 2020 et 2030 a été fixé dans les territoires les plus pollués, à savoir ceux couverts par un plan de protection de l’atmosphère. Le plan d’action national « chauffage au bois domestique performant » permettra de répondre à cet objectif en accélérant le renouvellement des vieux poêles et des vielles cheminées au profit d’équipements performants, label Flamme Verte par exemple, en développant l’utilisation de combustibles de qualité, et en rappelant les bonnes pratiques d’utilisation des appareils.
La collectivité peut fournir de l’information, un appui technique au choix du matériel, voire un soutien financier.
La Communauté d’agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées (65), dans le cadre de son PCAET, a créé un fond air bois pour subventionner les particuliers qui souhaitent renouveler leurs équipements de chauffage au bois et acquérir des appareils performants.
Une autre solution consiste à développer des chaufferies biomasse collectives. Pour 1kWh de bois consommé, une chaufferie collective biomasse émet 98% en moins de particules PM2.5 qu’une cheminée ouverte (donnée CITEPA, ADEME).
Le choix effectué par la Communauté de Communes Conflent-Canigo (66) de mettre en place une chaufferie automatique au bois, dans le village d’entreprises INICI, à Prades, a permis d’éviter l’émission annuelle de 1,6 tonnes de CO2 et de 3 kg de SO2 voir la fiche du projet
Autre exemple : la création d’une chaufferie bois et d’un réseau de chaleur dans un quartier sur la commune de Castanet Tolosan
Outre les économies générées pour la commune, une chaufferie bois permet également de relocaliser l’économie par l’achat d’un combustible local, ainsi que de contribuer à soutenir les entreprises de la filière bois