Réduire l’impact sur l’environnement de notre alimentation, proposer une alimentation de qualité aux enfants dans les restaurants scolaires avec une alimentation brute, bio et locale, mais aussi faire évoluer les comportements alimentaires des enfants et rendre accessible la restauration scolaire au plus grand nombre. Tel est le défi que s’est donnée la ville de Montpellier.
Transcription
Quelles actions structurantes avez-vous mises en place ?
Marie MASSART, Adjointe au maire de Montpellier, délégué à la politique alimentaire et à l’agriculture urbaine : L’objectif que s’est fixé la ville de Montpellier, c’est de réduire l’impact sur l’environnement de notre alimentation, de proposer une alimentation de qualité aux enfants dans les restaurants scolaires avec une alimentation brute, bio et locale. Mais aussi de faire évoluer les comportements alimentaires des enfants, et de rendre accessible la restauration scolaire au plus grand nombre.
Luc LIGNON, Directeur de la politique alimentaire : Nous avons souhaité construire un système alimentaire global, poser une stratégie de la terre à l’assiette, de la production primaire à la valorisation des déchets. Pour cela, nous avons construit un projet global, le projet « Ma Cantine Autrement ». Articulé autour , de quatre axes de travail fondamentaux : une politique d’achat de proximité, une production culinaire traditionnelle, une approche hôtelière dans les restaurants scolaires et des actions de sensibilisation pour les enfants, mais aussi pour les familles. Les actions majeures que nous avons mis en place sur ces quatre axes sont : un allotissement plus fin de nos marchés publics. Nous avons 103 lots à l’heure actuelle, alors que la moyenne nationale est de 30. Nous avons structuré des filières entières d’approvisionnement local. Par exemple, le pain bio est un pain 100 % héraultais, 80 % montpelliérain. Pour la production culinaire, nous avons développé une innovation en France : un plan alimentaire flexitarien où nous proposons des repas sans aucune protéines animales. Et tout au long de la semaine, l’enfant peut découvrir l’ensemble des modes de consommation. Nous avons aussi développé des recettes traditionnelles. Pour la partie approche hôtelière, nous avons construit des formations. Comment parler à l’enfant ? Comment répondre à l’enfant ?
Nous avons construit un livret pédagogique à l’intention des enfants qui, pour la première fois cette année, va être intégré dans des cours en classe. Et nous avons bien sûr développé de multiples actions autour de la sensibilisation au développement durable, avec la généralisation du tri des biodéchets, des tables de tri avec pesée intégrée dans les restaurants scolaires. Nous avons aussi intégré des barquettes bio compostables.
Quel est le bilan aujourd’hui ?
Marie MASSART : On s’est fixé comme objectif d’atteindre par exemple, 100 % de produits bio et ou locaux d’ici 2026. Aujourd’hui, on est à 50 %, dont 38 % de bio. On a largement réduit le gaspillage alimentaire et grâce à une tarification sociale, nous avons amélioré l’accès à la restauration scolaire aux personnes les plus précaires. Dans les perspectives et le projet que nous nous sommes fixé, pour aller plus loin, nous portons un projet de Cité de l’alimentation qui permettra de travailler encore plus avec les producteurs locaux, avec le Marché d’Intérêt National notamment, d’avoir une production brute, d’avoir une légumerie, une mûrisserie, un espace d’affinage, un espace de production de desserts, un projet de bus pédagogique itinérant équipé d’une cuisine pour donner des cours de cuisine aux enfants directement dans les écoles.
Quelles sont les clés de réussite ?
Luc LIGNON : Le principal levier de réussite, c’est le portage politique. C’est vraiment l’engagement du politique et l’alliance du politique avec la compétence technique sur le terrain, permettant la création d’un binôme ouvrant tous les champs du possible.
Une deuxième clé de réussite, ce sont les créations, l’innovation que Montpellier a fait en créant la Direction de la Politique Alimentaire. C’est une véritable innovation institutionnelle. Ça n’existe nulle part ailleurs. On a une vraie direction à Montpellier qui s’occupe de la chaîne alimentaire dans sa totalité.
Le troisième levier qu’on peut évoquer, c’est la formation des agents, bien sûr, la montée en compétence des personnels, à la fois en cuisine mais aussi dans les restaurants scolaires, puisqu’au bout du compte, le plus important, c’est comment on présente le plat à l’enfant, comment on lui parle de l’aliment et comment on fait en sorte qu’il devienne un citoyen éclairé.