Pour lutter contre le changement climatique et ses impacts sur les territoires et les populations, les politiques et les acteurs locaux peuvent agir sur deux volets : l’atténuation du changement climatique et l’adaptation au changement climatique.
Si l’on reprend les définitions du GIEC
L’atténuation est définie comme « l’intervention humaine pour réduire les sources ou augmenter les puits de gaz à effet de serre ».
L’adaptation est « une démarche d’ajustement au climat actuel ou attendu, ainsi qu’à ses conséquences ».
La résilience est la « capacité des systèmes sociaux, économiques et environnementaux à faire face à un événement, une tendance ou une perturbation dangereuse, en répondant ou en se réorganisant de manière à maintenir la capacité d’adaptation, d’apprentissage, et de transformation ».
Autrement dit, les actions d’atténuation vont agir sur les causes du changement climatique. Une activité relève de l’atténuation si elle contribue à la stabilisation ou la réduction des concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Exemples d’actions d’atténuation : utilisation d’énergies renouvelables, construction de bâtiment bioclimatique, réduction de l’utilisation de la voiture individuelle...
Les actions d’adaptation vont plutôt consister à gérer les effets du changement climatique et ses impacts. Une action contribue à l’adaptation au changement climatique dès lors qu’elle permet d‘en limiter les impacts négatifs et d’en maximiser les effets bénéfiques. Exemples d’actions d’adaptation : mise en place de cuves de récupération des eaux de pluie, réintroduction de la nature en ville, agroécologie…
La résilience d’un territoire sera mesurée par sa capacité à anticiper, agir, s’adapter et se transformer pour réduire sa vulnérabilité face aux aléas climatiques.
A titre d’exemple de résilience, on peut citer ici [le projet FORECCAsT du Parc naturel régional du Haut-Languedoc. Les forêts du Haut-Languedoc sont largement impactées par le changement climatique, et les épisodes de crises (dépérissements, problèmes sanitaires, tempêtes) sont amenés à se multiplier et s’intensifier. Aussi à l’échelle de la filière forêt-bois, le PNR a choisi de mettre en place un plan d’actions pour anticiper et gérer les crises liées au changement climatique. Les résultats de la démarche ont été formalisés dans un guide intitulé « Gérer les crises liées au changement climatique en forêt du Haut-Languedoc ».
Les synergies entre atténuation et adaptation sont nombreuses
Adaptation et atténuation représentent deux stratégies complémentaires, que les projets ont tout intérêt à combiner pour améliorer leur efficacité et éviter les incohérences. Elles ont pour objectif de lutter contre le changement climatique et ses impacts, mais avec des moyens différents.
L’adaptation peut être un accélérateur des politiques d’atténuation
Car une partie des solutions d’adaptation contribuent aussi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, c’est notamment le cas des Solutions Fondées sur la Nature évoquées dans l’article « La nature, alliée des territoires pour s’adapter au changement climatique ».
La replantation de haies sur une parcelle pour limiter le risque érosion permettra aussi de stocker du carbone ; les mesures d’isolation des bâtiments pour améliorer le confort thermique et permettre de mieux résister aux pics de chaleur, simultanément, contribuent à réduire les émissions liées au chauffage ou à la climatisation et ce d’autant plus si l’isolation est réalisée à partir de matériaux biosourcés.
Les efforts d’atténuation conditionnent les capacités d’adaptation
Une politique d’atténuation ambitieuse favorise le champ des possibles pour l’adaptation. Plus le réchauffement climatique est important, plus les options pour l’adaptation se réduisent et plus l’adaptation risque d’être brutale et mal acceptée.
Par exemple, si les forêts ne résistent pas à l’augmentation des températures, les pertes se compteront en puits de carbone, en bois de chauffage ou de construction, nécessaires à l’atténuation. Mais les forêts sont aussi des régulateurs naturels du climat nécessaires à l’adaptation, par exemple en constituant des espaces de fraicheur en été pour les villes. Atténuer les impacts du réchauffement pour préserver les forêts contribue à renforcer la capacité d’adaptation du territoire.
Mais les interdépendances entre adaptation et atténuation ne signifient pas que leurs synergies soient systématiques.
L’exemple classique est celui de la climatisation, en ville, qui tout en améliorant le confort intérieur des bâtiments contribue à augmenter la température extérieure, et participe à l’augmentation des émissions de GES par sa consommation énergétique. On parle dans ce cas de mal-adaptation.
A noter également que certaines actions sont qualifiées de « mal-atténuation » lorsqu’elles renforcent les vulnérabilités futures ou qu’elles ne sont pas pensées dans le cadre d’un climat qui évolue.
Par exemple, la création d’une digue pour réduire le risque de submersion va réduire le sentiment d’insécurité pour les populations, voire conduire à une densification de l’occupation. Avec le climat qui change et entraîne l’augmentation de la fréquence des aléas et de leur intensité, la digue peut être insuffisamment dimensionnée et sujette au risque de rupture. Le territoire devient alors plus vulnérable et sa population fortement exposée au risque de submersion. Le risque est donc augmenté par la réponse elle-même. On parle ici de mal-atténuation.
Ainsi, il est nécessaire de planifier les actions d’atténuation et d’adaptation de manière systémique, en anticipant leurs interactions, pour engager les changements de trajectoire qui s’imposent. L’article « Quelques éléments clés pour définir sa stratégie territoriale d’adaptation au changement climatique » apporte des éléments de réponse à ce sujet.