Face au changement climatique et aux aléas naturels plus fréquents et plus intenses ces dernières années, le besoin d’anticiper et d’agir est renforcé. C’est le but de l’adaptation.
Pour y répondre, les collectivités doivent s’appuyer sur les connaissances locales autour du climat actuel et les évolutions attendues au cours des prochaines décennies, pour élaborer avec les forces vives du territoire une stratégie territoriale d’adaptation au changement climatique.
Une culture commune du risque climatique à l’échelle locale
Pour qu’une stratégie d’adaptation soit réalisable et acceptée par la population, l’implication de l’ensemble des acteurs (citoyens, élus, professionnels, etc.) est indispensable. Pour cela, il est nécessaire de faire émerger une vision partagée du territoire, des enjeux locaux à différents horizons de temps, et d’aboutir à un consensus local sur la trajectoire à suivre par tous les acteurs.
Pour diffuser la connaissance sur la vulnérabilité du territoire aux aléas climatiques, et favoriser l’acculturation de la population et des décideurs, quelques solutions :
- communiquer sur les risques à partir de cartographies : zones inondables et hauteur d’eau, îlots de chaleur urbains, zones exposées au risque RGA ;
- s’appuyer sur l’expertise des acteurs du territoire ou des organismes spécialisés ;
- intégrer de façon systématique la culture du risque dans les plans et stratégies de territoire ;
- conduire des actions de sensibilisation aux gestes de premiers secours ou aux bons réflexes, par exemple en cas de canicule ou d’inondation.
La ville de Montpellier propose des cartes du risque d’inondation sur la ville avec des liens utiles, les mesures de prévention et de protection à mettre en place, les actions de police et de sauvegarde ainsi qu’une liste de bons réflexes à avoir avant et pendant une inondation.
Une approche systémique pour la mise en œuvre de solutions d’adaptation efficaces
En matière d’adaptation aux changements climatiques, on ne peut pas compartimenter les problèmes et les traiter indépendamment les uns des autres. Le fait de ne pas adopter une démarche globale pour résoudre un problème peut en créer un autre.
Par exemple, si on développe des solutions fondées sur la nature pour lutter contre les îlots de chaleur urbains (avec un rafraîchissement des villes par végétalisation et présence de points d’eau), il faut intégrer le fait que ces solutions peuvent simultanément aggraver le problème de la propagation des maladies vectorielles en offrant un habitat favorable aux moustiques. Il faut aussi dès la conception du projet identifier les besoins d’entretien pour maintenir la fonctionnalité dans le temps des aménagements réalisés.
De même, si on répond aux problèmes de sècheresse agricole par une irrigation accrue qui vient ponctionner des cours d’eau et des nappes phréatiques sous tension, on risque d’affecter la vie biologique des cours d’eau. Là encore, une approche segmentée conduit simplement à déplacer la contrainte.
L’adaptation implique par conséquent une approche « systémique », c’est-à-dire qui prend en compte l’ensemble des sujets dans différents domaines pour tenir compte de la corrélation des différents impacts et de l’interdépendance des réponses à apporter, l’objectif étant d’enrayer le risque de transférer les contraintes d’un secteur à l’autre.
Les collectivités doivent donc sortir des approches en silos et mettre en lumière les synergies ou antagonismes présents entre les différentes actions de l’ensemble des acteurs sur leur territoire ou entre les territoires.
Les démarches de planification territoriale (SCoT, PLU(i), PCAET, chartes de Parcs Naturels) permettent de développer cette approche et d’intégrer un volet « adaptation au changement climatique » dans les programmes. L’implication de l’ensemble des acteurs du territoire, et la prise en compte des plans sectoriels existants : Plan Montagnes d’Occitanie, le Plan Forêt Bois, la Stratégie Régionale de Biodiversité, le SRADDET, etc. sont aussi des pré-requis nécessaires pour recueillir des orientations sur les voies à suivre en matière d’adaptation.
L’adaptation : une approche innovante pour façonner le territoire d’aujourd’hui et de demain
Si les politiques d’adaptation doivent se déployer sur l’ensemble des secteurs, elles doivent aussi intégrer plusieurs horizons temporels et échelons territoriaux car les impacts du changement climatique opèrent à différentes échelles spatiales et temporelles.
L’adaptation doit privilégier la cohérence fonctionnelle de certains territoires, par-delà les limites administratives. Il peut ainsi être pertinent de travailler à l’échelle d’un bassin versant, d’un corridor écologique, d’un bassin agricole ou industriel, d’un bassin d’emploi ou d’un bassin de vie. La mise en œuvre de l’action elle-même, en revanche, est dépendante du maillage administratif et des périmètres de compétence existants.
Les politiques d’adaptation demandent d’identifier les champs d’intervention pertinents pour chaque échelon et d’organiser la coopération de multiples échelons locaux en fonction des périmètres et des champs d’intervention. Par exemple, la problématique de la prévention des inondations est abordée au niveau du bassin hydrographique mais les solutions d’adaptation, comme la gestion des eaux pluviales urbaines ou la mise en place de SafN, sont de la compétence de la commune ou de l’intercommunalité.
Autre exemple : la restauration du trait de côte de Vias à Portiragnes. L’action portée par la Communauté d’Agglomération Hérault Méditerranée a mobilisé les communes du littoral sujettes à l’érosion. Les enjeux étaient transversaux à plusieurs secteurs (tourisme, environnement, économie), avec des priorités différentes selon les communes (Vias : sa capacité hôtelière, Portiragnes : préservation de la nature et Cap d’Agde : conserver sa place de 1e station balnéaire de France). Dans ce contexte, le projet a nécessité de recourir à différents domaines d’expertise pour définir des mesures d’adaptation locales à mettre en œuvre par les communes, en collaboration avec les différents acteurs concernés au niveau du littoral héraultais.
Une stratégie d’adaptation demande aussi à se projeter à différentes échelles temporelles, pour répondre aux impacts actuels et futurs, malgré les incertitudes relatives aux capacités de développement des territoires et aux évolutions du climat.
Par exemple, l’évolution de l’érosion et des risques de submersion côtière va dépendre à la fois de la montée du niveau moyen des mers et de facteurs propres aux territoires, notamment les actions mises en œuvre en termes d’atténuation et d’adaptation.
Il existe un large éventail de réponses pour réduire l’exposition et la vulnérabilité en amont et augmenter les capacités à faire face, à l’existant comme à l’avenir.
Trois typologies d’adaptation sont communément identifiées et reconnues :
- les adaptations incrémentales sont des actions d’adaptation en réponse à un aléa climatique vécu ou à ses effets, sans aucune préméditation explicite ou consciente. Elles se traduisent par des actions ponctuelles et sectorielles qui ne modifient pas fondamentalement le système. Appelées aussi adaptations naturelles, de bon sens, autonomes, spontanées (exemple : les viticulteurs qui décalent la date des vendanges), ces actions souvent n’engendrent pas de coût.
- les adaptations transformatives reposent, elles, sur des transformations structurelles qui changent les éléments fondamentaux d’un système. Ces actions sont à penser sur le long terme et à anticiper. (exemple d’adaptation transformative : les stations de ski qui passent à un tourisme 4 saisons)
- à la croisée des deux, les adaptations systémiques, qui modifient le système sans en changer la nature ou l’organisation fondamentale. (exemple : des plantations mieux adaptées au nouveau climat).
La collectivité doit rechercher une complémentarité entre ces solutions d’adaptation pour être en mesure de s’adapter à court terme et pour définir une stratégie et un programme d’actions sur le long terme qui permettent d’anticiper et de se prémunir des impacts.
Si l’on reprend l’exemple évoqué plus haut, la stratégie d’adaptation retenue articule des actions de court terme : la construction de digues, avec la préparation et le séquencement d’actions de moyen et long terme pour faire évoluer le modèle d’occupation du territoire à travers une relocalisation et une diversification des activités.
Voir la vidéo « Le littoral face aux risques : stabiliser le trait de côte pour laisse du temps à la réflexion sur la recomposition spatiale » - Communauté d’Agglomération Hérault Méditerranée. insérer le lien
Une trajectoire d’adaptation spécifique à chaque territoire
Les impacts du changement climatique et les enjeux territoriaux sont et seront toujours très variables d’un territoire à l’autre du fait du contexte géographique, socio-économique ou culturel. Un territoire de plaine ou un territoire de montagne, une ville ou une commune rurale ne sont pas soumis aux mêmes enjeux. La Région Occitanie reflète cette diversité, avec ses territoires ruraux et ses grandes métropoles : Toulouse et Montpellier, ses espaces de montagne dans le sud et le littoral Méditerranéen.
Si les grandes familles de mesures qui contribuent à l’adaptation sont de mieux en mieux connues et documentées, leur mise en œuvre est toujours locale, contextuelle et multi-acteurs. Aussi, une politique d’adaptation efficace se construit sur la base d’un diagnostic des vulnérabilités d’un territoire. Les perturbations induites par le changement climatique et leurs impacts doivent être clairement identifiées et évaluées à l’échelle locale pour apporter des réponses adaptées, « sur mesure ».
Ensuite, la construction d’une politique locale d’adaptation implique un portage politique et un pilotage administratif local, pour répondre aux enjeux identifiés localement.
Pour réaliser ce diagnostic local des vulnérabilités du territoire et construire sa stratégie locale d’adaptation, les collectivités peuvent s’appuyer sur les outils existants. Voir l’article « Les outils pour mettre en place votre politique d’adaptation »