Temps de lecture estimé : 5 mn

Le changement climatique avec ses épisodes de fortes chaleurs combiné à l’augmentation de la population, à la densification urbaine, et à l’artificialisation des sols, sont autant de facteurs favorables à la multiplication des "îlots de chaleur urbains" (ICU).
Ce phénomène des îlots de chaleur urbain est aujourd’hui largement répandu dans les villes quelle que soit leur taille : Toulouse Métropole, Montpellier, Albi, Rodez...
Confrontées à cette nouvelle problématique, les collectivités, soucieuses de préserver le cadre de vie et le bien-être de leurs habitants, doivent aménager différemment leur territoire. Certaines ont déjà mis en œuvre des actions concrètes et opérationnelles comme le montrent les exemples présentés ci-après.

 

Réintroduire la nature en ville

Les principales sources de rafraîchissement urbain sont communément appelées les solutions vertes et bleues. Elles consistent à favoriser la végétation et la place de l’eau dans les solutions d’aménagement.
Solution de rafraichissement en zone urbaine
Le rôle de la végétation dans la régulation du climat est largement reconnu notamment à l’échelle de la ville car il permet d’atténuer l’influence de l’activité humaine sur son environnement.
La végétation en milieu urbain favorise aussi une atténuation des effets du changement climatique sur la santé en améliorant le confort du citadin (meilleure qualité de l’air, renforcement du lien social, aménités paysagères), les équilibres naturels, la qualité de l’environnement (réintroduction de la biodiversité, régulation thermique, écoulement des eaux et protection des sols) et l’économie urbaine (valorisation du bâti, des produits végétaux, développement de l’agriculture urbaine et de l’attractivité du territoire).

Plusieurs solutions de végétalisation de la ville sont possibles : végétalisation sur bâti, sur toiture, plantations d’arbustes, etc. Elles ont chacune des impacts différents en matière de rafraîchissement.
Les arbres, par exemple, permettent de créer des zones de protection contre la chaleur par leur ombrage mais surtout ils contribuent au rafraîchissement grâce à l’évapotranspiration.
Les bassins, plans d’eau ou certains aménagements urbains comme les noues constituent des espaces de fraîcheur.

La Ville de Tournefeuille (31) réalise un schéma d’atténuation et d’adaptation au phénomène « d’îlot de chaleur ».

 

Limiter l’artificialisation

L’artificialisation des sols, conséquence directe de l’extension urbaine, de la construction de nouveaux habitats en périphérie des villes, est aujourd’hui l’une des causes essentielles du réchauffement climatique, de l’érosion de la biodiversité, et de l’accroissement des risques naturels (inondation par ruissellement urbain, ICU). En instaurant l’objectif de “zéro artificialisation nette”* , le Plan National Biodiversité et la Stratégie Régionale Biodiversité incitent les collectivités à repenser l’aménagement urbain pour réduire efficacement l’artificialisation de leurs sols.

Pour atteindre cet objectif, plusieurs actions sont possibles.

 

Agir sur les formes urbaines

Les collectivités peuvent faire appel aux solutions grises pour concevoir les infrastructures urbaines en anticipant l’effet d’ICU. Il s’agit de choisir le mobilier urbain, les matériaux et les revêtements les plus adaptés, mais également de travailler à l’optimisation des formes urbaines.
Par exemple, l’orientation des bâtiments en fonction du temps d’exposition au soleil, de la ventilation, du rafraîchissement naturel (évoqué plus haut avec les solutions vertes et bleues), la longueur des façades, les hauteurs des bâtiments pour permettre au vent de circuler, doivent être anticipés lors de la conception d’un quartier.

Dans un écoquartier de Montpellier (rive gauche du Lez Port-Marianne) la disposition des bâtiments a été réfléchie de sorte qu’il y ait une bonne circulation d’air entre eux. Les bâtiments alentour profitent aussi de la fraîcheur du fleuve et tiennent compte de la course du soleil. Aucun des 1 200 appartements n’est orienté est-ouest pour éviter l’exposition directe au soleil. Voir par exemple le nouvel équipement de proximité actuellement en construction.
Projet de college Port Marianne - Montpellier

 

Aménager les friches urbaines

Les friches urbaines, espaces bâtis ou non, anciennement utilisées pour des activités industrielles, commerciales ou autres et abandonnées, font partie intégrante du processus de renouvellement des villes. Elles nuisent parfois au paysage urbain et peuvent engendrer un risque en matière de sécurité (effondrement du bâti, pollution des sols, squats...). Cependant, elles présentent un atout dans le sens où elles constituent des espaces de respiration et de régulation climatique au cœur des villes et offrent un potentiel d’espace foncier disponible notamment pour réintroduire des espaces naturels.

On peut citer ici le projet de Nîmes (Gard) « Concevoir un îlot de fraicheur à travers un projet de parc urbain ». Ce projet (2020-2022) vise la reclassification des 14,5 hectares de friches, situés au sud de la ville de Nîmes, en parc urbain. Ce parc s’étendra du périphérique jusqu’à la gare ferroviaire en centre-ville. Composé de jardins, d’espaces récréatifs et d’une partie boisée, il sera complété par l’aménagement d’une diagonale verte permettant notamment les mobilités actives. Ce parc constituera un puits de fraîcheur pour les habitants de la ville et un lieu propice à la préservation de la biodiversité.


* Le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) est un objectif à 2050 fixé par la loi climat et résilience (2021). Elle demande aux territoires de baisser de 50% d’ici 2030 (par rapport aux 10 dernières années), le rythme d’artificialisation et de consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers, pour atteindre le zéro artificialisation nette d’ici 2050. Est également posé un principe général d’interdiction de création de nouveaux centres commerciaux qui entraîneraient une artificialisation des sols.