Les acteurs tant privés que publics font de plus en plus recours au numérique dans le cadre des leurs opérations de constructions neuves ou de rénovations énergétiques. Le gouvernement a par ailleurs, mis en œuvre un Plan Transition Numérique Bâtiment depuis 2015, qui guide certaines actions du Plan pour la Rénovation Energétique des logements de 2020. En termes de rénovation, les collectivités ont désormais accès au Centre de ressources pour la Réhabilitation du Bâti Ancien, le CREBA, portail et outil numérique qui accompagne leurs opérations.
Les apports des innovations numériques pour la rénovation des bâtiments
Depuis le milieu des années 1990, le Building Information Modeling (BIM) se développe à l’international. Ce processus informatique consiste à créer une reproduction numérique d’un bâtiment. Cette reproduction permet de compiler sous la forme de fichiers numériques, les informations techniques nécessaires à la conception, la construction, l’entretien, les réparations, ou autres opérations de modifications, d’agrandissements ou de déconstruction d’un bâtiment. Cette collecte de données vise à faciliter la faisabilité des projets envisagés pour un ouvrage. Elle harmonise également la communication et le partage des informations d’un bâtiment sur le long terme, entre les différents acteurs qui interfèrent sur sa conception, sa construction, sa rénovation ou sa réhabilitation.
La reproduction numérique du bâtiment favorise la prise de mesures ainsi que la simulation de scénarios tout au long du cycle de vie du bâtiment, au gré des opération qui lui sont associées. Grâce aux informations collectées sur l’existant – matériaux, isolation, types de fenêtre, système de chauffage, etc - il devient plus aisé de caractériser les retombées de chaque type d’intervention ou d’opérations de travaux sur la performance énergétique de la construction et / ou la rénovation. Le numérique facilite la réalisation de simulations multiples, en croisant différents paramètres, en minimisant les déplacements sur le bâtiment de projet et en contribuant à l’identification des scénarios les plus pertinents avant le lancement des travaux. Tout cela concourt à optimiser la réussite des opérations envisagées.
La maquette numérique d’un bâtiment peut accompagner les tests de différentes hypothèses de déconstruction le cas échéant. L’inventaire numérique des matériaux peut également servir à l’identification de ceux qui peuvent être réemployés ou recyclés et favorise la gestion des déchets générés par le chantier.
Le bâti ancien, un enjeu de taille pour atteindre les objectifs de rénovation énergétique.
Au niveau national, 33% du parc existant – 10 millions de logements publics et / ou privés - relèvent d’une typologie particulière, à savoir le "bâti ancien". Selon la réglementation thermique, cette typologie caractérise l’ensemble des bâtiments construits avant 1948 selon des techniques, des savoir-faire et des matériaux traditionnels - pierre, pans de bois, terre crue…. Ces bâtiments anciens sont distincts des bâtiments dits « modernes » construits à partir des années 1950, qui, au contraire, ont recours à des techniques et des matériaux industrialisés.
Au regard de leur nombre sur le territoire, la rénovation des bâtis anciens constitue un facteur clé pour atteindre les objectifs termes de de performance énergétique. Au niveau du département de l’Ariège par exemple, les constructions d’avant 1948 représentent 42 % du patrimoine bâti existant. Néanmoins, les caractéristiques constructives des bâtis anciens induisent une vigilance particulière lors de leur rénovation ou de leur réhabilitation.
Au-delà de la performance énergétique, entretenir ou réhabiliter les bâtis anciens poursuit également des objectifs culturels. Ces opérations, lorsqu’elles sont bien réalisées, participent à leur sauvegarde et à leur mise en valeur. Les collectivités peuvent pour ce faire, ainsi mobiliser d’autres lignes de financement.
La réponse CREBA au profit de la rénovation énergétique du bâti ancien
Dans le cadre du Programme ministériel d’Action pour la qualité de la Construction et la Transition Énergétique (PACTE), l’axe 2.3 est dédié aux « outils numériques d’aide à la décision de stratégies de rénovation ». Ce programme vise à renforcer la qualité dans la construction et les travaux de réhabilitation et veille à prévenir les sinistres pouvant résulter des opérations de rénovation.
Les différents groupes de travail constitués dans le cadre du PACTE* ont conduit à la création d’un outil et d’une plateforme en ligne qui regroupent un ensemble de dispositifs utiles pour une approche globale de la réhabilitation du bâti ancien.
L’objectif du Centre de REssources pour la réhabilitation du Bâti Ancien (CREBA) est de structurer et centraliser les différentes études et les guides proposant un socle de connaissance importants. Il favorise la diffusion et le partage des bonnes pratiques des opérations.
Le CREBA concilie spécificités énergétiques, techniques, physiques et architecturales et s’appuie sur 3 piliers :
- encourager la performance énergétique et environnementale du bâti ancien
- respecter les valeurs architecturales et patrimoniales
- prendre en compte les spécificités techniques et physiques du bâtiment, afin d’éviter les pathologies et d’assurer la durabilité du patrimoine
Toute collectivité souhaitant s’engager dans la rénovation de son parc bâti ancien dispose aujourd’hui d’un accès à :
- des fiches bibliographiques d’études et d’ouvrages (publiées au niveau local et national)
- des retours d’expériences sur des opérations conciliant préservation du patrimoine et réhabilitation énergétique. Les collectivités d’Occitanie peuvent par ailleurs y découvrir, entre autres, le retour d’expérience de la commune de Moissac, qui s’est lancée en 2014, dans la rénovation et la reconversion de sa papeterie datant de 1857, en médiathèque communale.
- un outil d’aide à la décision permettant de :
- comparer différentes solutions de réhabilitation du point de vue technique, patrimonial et énergétique
- repérer les points de vigilance associés à ces différentes solutions
- composer des bouquets de travaux responsables
- un référentiel commun, la charte de réhabilitation responsable, qui explicite les critères d’une opération sur un bâti ancien au sens patrimonial, technique et énergétique.
Vignette : Photo Patrice Thebault - Région Occitanie
* Consortium constitué du Centre d’Études et d’expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement (Cerema), pilote du projet, de l’école des Arts et Métiers Paris Tech, du laboratoire de Recherche en Architecture de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse, de l’association Maisons Paysannes de France ou encore l’association Sites et Cités Remarquables de France