La gestion des transports ne concerne pas uniquement leur organisation spatiale. Gérer leur avitaillement et leurs consommations est un autre enjeu majeur qui se pose aux collectivités d’Occitanie, notamment dans le cadre de la transition énergétique. En 2016, date de lancement de la stratégie Région à Energie Positive, le secteur générait près de 38% des consommations énergétiques finales. Le secteur des transports est ainsi le second le plus énergivore à l’échelle de la région Occitanie, derrière celui du bâtiment. Accompagner la transition du secteur vers la sobriété énergétique est donc un enjeu de taille pour les collectivités, afin de concrétiser l’atteinte des objectifs Région à Energie Positive à l’horizon 2050. Pour cela les collectivités peuvent s’appuyer sur l’élaboration de leur PCAET afin d’adopter une stratégie transversale de transition où le secteur des mobilités occupera une place centrale.
Les transports et les mobilités : un secteur au cœur des ambitions énergétiques de la Région Occitanie
Pour honorer ses engagements en termes de sobriété énergétique, la Région Occitanie vise une consommation énergétique finale de 17,5 TWh pour le secteur des transports à l’horizon 2050.
La mise à jour des Chiffres clés de l’énergie en 2020 permettant le suivi de la stratégie Région à énergie positive, présente une consommation énergétique finale des transports en Occitanie encore importante et relativement stable depuis 2015 : 48,8 TWh pour l’année 2018, contre 48,7 TWh pour l’année 2015 (source : OREO). En complément, le secteur des transports est encore largement alimenté par les produits pétroliers – à hauteur de 92% pour l’année 2018 (source : OREO)
En complément, le secteur des transports est encore largement alimenté par les produits pétroliers - 92% selon les chiffres 2017 de l’OREO. Les efforts à générer sur les territoires en matière de sobriété énergétique des transports restent donc entiers.
L’inscription d’objectifs et d’actions en termes de mobilité et transports dans le volet Energie du SRADDET Occitanie 2040 rappelle les liens étroits entre transports, maîtrise et sobriété énergétique.
Pour atteindre une réduction de 40% de la consommation énergétique finale des transports d’ici 2040, la Région Occitanie préconise :
• la limitation des déplacements contraints ;
• un travail des territoires autour de l’attractivité des systèmes de transports collectifs ;
• l’accroissement des connexions et des capacités pour les transports collectifs ;
• le renforcement de la cohérence habitat/activités/réseaux de mobilité ;
• l’organisation du « dernier kilomètre » ;
• le développement de l’usage du vélo et des modes actifs, des modes de motorisation plus éco-responsables.
La Région déploie également un Plan Vélo, un Plan Hydrogène Vert et mobilise son service régional de transports LIO pour accompagner les démarches territoriales de transition énergétique des transports
Quelles approches énergétiques dans le domaine des mobilités ?
Le secteur des transports présente de forts enjeux dans les nombreux scénarios de transition énergétique. Les visions 2030 – 2050 ADEME prospectent une indépendance pétrolière du secteur à l’horizon 2050, une diminution des transports routiers pour les marchandises remplacés par le frêt ferroviaire ou fluvial. Le scénario Région à Énergie Positive met également une place prépondérante des énergies gazeuse et électrique à l’horizon 2050.
Mix énergétique 2018 du secteur des Transports
Evolution de la consommation finale par énergie 2005 – 2018
source : OREO 2020
Au-delà des évolutions techniques, ces prospections rappellent que des évolutions avant tout sociétales concourent à l’organisation de la transition énergétique. Celle-ci ne pourra se concrétiser sans changements comportementaux de la part des usagers mais également des acteurs institutionnels ou économiques.
Selon l’institut NégaWatt, l’approche de transition énergétique des mobilités renvoie à trois aspects complémentaires l’un de l’autre :
• La sobriété. Assurer la sobriété des mobilités repose sur la priorisation des besoins énergétiques essentiels dans les usages individuels et collectifs de l’énergie.
Pour cela, les collectivités peuvent encourager le développement et le choix de modes alternatifs à l’autosolisme (modes actifs, mobilité collaborative, transports en commun) ; aménager l’espace de manière cohérente en rompant avec la mono-fonctionnalité ; diminuer les déplacements contraints ou encore développer les nouvelles organisations du travail, etc.
• L’efficacité, à savoir réduire la quantité d’énergie nécessaire à la satisfaction d’un même besoin. Dans le domaine des mobilités l’efficacité s’apparente à l’amélioration des rendements énergétiques des véhicules. Les collectivités peuvent participer à l’efficacité énergétique des mobilités en favorisant l’innovation pour développer des technologies moins consommatrices d’énergie. Tant en acceptant de déployer les infrastructures adaptées qu’en accompagnant les porteurs de projets innovants sur leurs territoires.
• Les énergies renouvelables. La transition énergétique des mobilités repose sur le remplacement progressif des énergies fossiles et nucléaires par les énergies renouvelables pour alimenter les modes de déplacements sur les territoires. Cela consiste à basculer vers des carburants alternatifs produits à partir d’énergies renouvelables. Les collectivités ont un rôle à jouer dans le basculement vers des carburants alternatifs produits à partir d’énergies renouvelables - électricité, bioGNV, hydrogène – en développant des points d’approvisionnements, des infrastructures de recharges ou encore en renouvelant leurs flottes municipales. Les collectivités d’Occitanie peuvent s’appuyer sur le schéma de déploiement de stations hydrogène/ bioGNV initié par les neufs Syndicaux Départements d’Energie de la Région.
Les PCAET : un outil de planification pour aborder la transition énergétique des pratiques de mobilités sur les territoires
Les Plans Climat Air Énergie Territoriaux (PCAET) permettent aux territoires tant urbains que ruraux d’aborder la question des mobilités et des déplacements à travers une approche énergétique. Ce document cadre et transversal complète les pistes d’aménagements territoriaux envisagées par les SCoT en intégrant notamment les enjeux et actions en termes d‘efficacité énergétique, préservation de la qualité de l’air ou de la biodiversité. La loi LOM du 24 décembre 2019 prévoit par ailleurs que les plans de mobilités (successeurs de plans de déplacements urbains) doivent être compatibles ou prendre en compte le PCAET (selon les cas). Elle renforce ainsi le rôle des PCAET dans l’organisation de la transition des territoires vers des mobilités durables.
L’axe « Véhicules, déplacements et transports » fait par exemple partie des 4 leviers de l’agglomération du Muretain pour concrétiser les objectifs de son PCAET. Lauréat de la démarche Territoires à Energie Positive pour la Croissance Verte en 2015, le Muretain Agglo a pu mobiliser une partie de la subvention reçue pour l’élaboration de son Plan Vélo, une des pistes d’actions identifiée pour son PCAET.
Responsables de 44% des émissions de gaz à effet de serre pour la Communauté de communes Vallée de l’Hérault, les transports et le trafic sont au cœur de la stratégie du PCAET du territoire. La CC Vallée de l’Hérault mise ainsi sur le déploiement d’un parc roulant au bio GNV et d’une flotte municipale électrique pour réduire les émissions du secteur et atteindre les objectifs énergétiques fixés dans leur PCAET. La trajectoire engagée par la Vallée de l’Hérault dans le cadre de son PCAET a permis leur adhésion en 2020 au réseau Territoires à Energie Positive.
La Communauté de communes Millau Grands Causses a structuré son PCAET avec l’appui du Parc Naturel Régional des Grands Causses. La mobilité représente le second axe stratégique pour concrétiser les objectifs identifiés. Le territoire vise une forte pénétration des véhicules hybrides et électriques. Pour cela, les pistes d’actions envisagées concernent à la fois l’amélioration de la desserte en train, cars et mobilités actives ainsi qu’une importante sensibilisation autour de ces mobilités alternatives. Au niveau du frêt, le territoire vise, entre autres, le report de 75% des longues distances sur le réseau ferroviaire.