Les stratégies de management de la mobilité s’inscrivent pleinement dans les transitions majeures rencontrées par le secteur des transports : énergétique, écologique, numérique. En incitant aux changements de comportements, ces stratégies de management apparaissent comme des solutions cohérentes et complémentaires des autres actions en faveur d’une mobilité durable.
Le management de la mobilité nécessite de connaitre les déplacements des personnes afin de les comprendre et d’améliorer l’efficacité des systèmes de transport. Il s’intègre alors dans les projets des collectivités, aussi bien à l’échelon urbain que dans des milieux moins denses
Management de la mobilité : influencer le choix de mobilité des usagers
Le concept de management de la mobilité se distingue des autres actions de mobilité, car il n’agit pas sur l’offre territoriale mais sur la demande. La notion d’influence sur le choix de mobilité est donc centrale. Le management de la mobilité comprend différentes stratégies visant à réduire ou à redistribuer de manière spatiale, modale et/ou temporelle la demande de mobilité, qui influence le choix des usagers.
Il existe plusieurs définitions du concept de management de la mobilité, plus ou moins restrictives. L’European Platform on Mobility Management (EPOMM), qui est aujourd’hui EPOMM PLUS définit le management de la mobilité comme les stratégies qui « consistent à promouvoir des transports durables et à gérer la demande de transport en voiture, en modifiant les attitudes et les comportements des individus et des entreprises. Il est fondé sur les mesures dites « douces » telles que l’information et la communication, l’organisation des services et la coordination des actions des différents partenaires. Ces mesures « douces » visent le plus souvent à améliorer la performance des mesures dites « dures » en matière de transport urbain (telles que la mise en service de nouvelles lignes de tramway, de voies ou de pistes cyclables). Les mesures de management de la mobilité (en comparaison aux mesures dites « dures ») n’entraînent pas nécessairement d’importants investissements financiers, tout en permettant de maintenir le ratio coût/bénéfice à un niveau élevé ».
Une politique de management de la mobilité s’appuie souvent sur des actions simultanées provenant de différentes catégories :
- des actions visent à améliorer les alternatives à la voiture individuelle, et à inciter au report modal, dites « Pull ».
- des actions pour inciter l’utilisateur à se diriger vers ces options alternatives, en incitant le changement de comportement, dites « Push »
- des actions cherchant à améliorer l’information voyageurs, renvoyant aux aspects de communication et à l’apport du numérique, à travers la « Mobility as a Service » - MAAS.
- des actions agissant sur l’urbanisme et sur les politiques de stationnement
Ces stratégies peuvent être portées par différents types d’acteurs :
- les acteurs publics, à travers leurs compétences en matière de mobilité et leur rôle dans l’organisation et la gestion des déplacements
- les entreprises et employeurs, via notamment les plans de mobilité entreprises (PDE) et les plans de mobilité inter-entreprises (PMIE)
- des associations multi-acteurs, regroupant à la fois des acteurs publics et privés
Les avantages des stratégies de management de la mobilité pour les collectivités d’Occitanie
Pour les collectivités, les stratégies de management de la mobilité peuvent répondre à de nombreux enjeux transversaux, en complément des autres actions de leur politique de mobilité, à savoir réduire les externalités négatives dues à l’autosolisme, améliorer la sécurité routière, assurer une meilleure desserte du territoire ou encore inciter aux changements de comportement.
L’atout majeur de ce type de stratégie repose sur son aspect principal : agir sur la demande et non sur l’offre. Cette caractéristique permet de réduire les coûts liés au développement de l’offre, dans un contexte d’investissement public toujours plus contraint. Rapides à mettre en œuvre et flexibles, ces stratégies permettent de s’adapter aux besoins des usagers et de corriger d’éventuelles imperfections de marché.
Le management de la mobilité est partenarial. Souvent, un projet regroupe une multitude d’acteurs, permettant de mettre en place ou de renforcer un dialogue entre employeurs et acteurs publics. Ces partenariats et dialogues incitent les acteurs à s’adapter mutuellement aux problématiques et aux obligations de chacun. Cette coopération est essentielle à toute stratégie de maitrise de la demande en mobilité, et constitue souvent un aspect d’innovation recherchée par les différents acteurs participants aux projets.
Stratégie de management de la mobilité : des solutions multi-acteurs pour améliorer la mobilité urbaine d’Occitanie
La mobilité urbaine se caractérise par une offre multimodale importante et des flux de déplacement en forte croissance. La mobilité urbaine est souvent l’objet de nombreuses initiatives de management de la mobilité et de gestion de la demande. En Occitanie, plusieurs projets ont émergé, notamment dans les métropoles , pour répondre aux enjeux de saturation, de congestion, et de réduction des émissions de polluants.
Un projet de management collaboratif a vu le jour en 2018 dans le secteur aéroportuaire de la métropole toulousaine, secteur de concentration d’emplois et soumis à des problématiques de congestions automobiles importantes. Le projet Commute regroupe les grandes entreprises de la zone - Airbus, ATR, AFNOR, Safran, Aéroport Toulouse Blagnac, Sopra Steria - ainsi que les collectivités - Tisséo Collectivités et Toulouse Métropole - et le club d’entreprise “Réussir”. Soutenu par l’initiative Urban Innovative Actions (UIA), le projet concilie attractivité du territoire et mobilité, en facilitant notamment le recours aux modes de transport minimisant les incidences écologiques. Pour cela il agit sur trois leviers d’actions : professionnels, mobilité et équipements - publics et privés.
La métropole toulousaine, accueille également un autre projet renvoyant aux stratégies de management de la mobilité, le projet Ecomode. Porté par Toulouse Métropole, Tisséo Collectivités, Airbus et Sopra Steria, le projet propose aux usagers de visualiser leurs impacts en matière de CO2 et de choisir la manière de se déplacer. Dans le cadre du dispositif Certificats d’économies d’énergie (CEE), ce projet vise à expérimenter un système de fidélité valorisant et récompensant les déplacements décarbonés, alternatifs à la voiture individuelle.
Le management de la mobilité : une solution cohérente pour les milieux peu denses d’Occitanie
Souvent présentées comme une solution idoine en milieu urbain, les stratégies de management de la mobilité ont également toute leur pertinence en milieu moins dense. Les problématiques de mobilité rencontrées diffèrent et renvoient à des questions d’accessibilité des offres, d’inclusion sociale, de dépendance à l’automobile ou encore de répondre à une monofonctionnalité généralisée. Le mangement de la mobilité peut être une stratégie innovante et facilement déployable pour les collectivités rurales, où le développement des offres de mobilité implique souvent des coûts d’investissement importants, du fait de la dispersion des habitats et des activités.
En Occitanie, des projets ont émergés dans ce sens. La Communauté de Communes du Grand Pic Saint-Loup a ainsi lancé un projet pour déployer des Pôles Nouveaux Usages (PNU). Ce projet vise à déployer un bouquet de solutions de déplacements innovantes et durables à destination des habitants du territoire, avec une approche technologique, organisationnelle et de gouvernance. Le PETR Pays Midi Quercy a également entamé une démarche répondant aux enjeux du management de la mobilité, avec la mise en place d’une conciergerie de mobilité rurale. L’objectif est de répondre aux besoins des habitants du territoire en valorisant les offres existantes et en initiant une démarche multi-acteurs avec les associations locales, dans une optique sociale.
vignette Christian Nitard