Favoriser les modes actifs dans les territoires d’Occitanie

Schémas, infrastructures et services de mobilités

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Les modes actifs, une alternative vertueuse pour les territoires et les usagers

Les modes actifs font référence aux modes de déplacement qui sollicitent l’énergie musculaire tels que la marche, le vélo, la trottinette, les rollers, etc.

Les modes actifs permettent de répondre à de nombreux objectifs :
• Proposer une alternative au « tout voiture » surtout pour les trajets entre 3 et 5 km.
• réduire les épisodes de congestion, la pollution atmosphérique et l’engorgement des transports publics
• réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre
• améliorer le niveau des indicateurs de santé publique et de qualité de vie
• encourager la réappropriation de l’espace public par les piétons.

 

Une étude nationale de l’ADEME, lancée en mai 2020, révèle que 65% des trajets de 1 à 2 km et 73% des trajets de 2 à 3,5 km s’effectuent en voiture. Sur ces courtes distances, l’utilisation du vélo ou la marche à pied s’avèrent pourtant plus rapide que celle de la voiture.

Développer les modes actifs sur son territoire en Occitanie

Les modes actifs retrouvent une place centrale dans les stratégies et les politiques des collectivités, notamment avec l’entrée en vigueur de la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) en 2019 et le Plan Vélo & mobilités actives lancé en septembre 2018 au niveau national. Ce Plan Vélo national vise à augmenter la part modale du vélo à 9% d’ici 2024.
La mise en œuvre de ce plan a été facilité par des appels à projets, notamment l l’appel à projets « Marche du quotidien » lancé par l’ADEME en 2023, dans le cadre du plan Vélo et marche 2023-2027.
Sur la période 2023-2026, l’ADEME porte également le programme AVELO 3 qui a pour objectif d’impliquer notamment les territoires périurbains et ruraux qui n’ont pas encore adopté de politique. Cet AAP s’inscrit dans le programme national « ID Marche » lancé en 2023, co-animé par le Ministère en charge des transports, l’ADEME et le Cerema.

Plus globalement, le Fonds Vert, Edition 2024, contient 3 mesures qui concernent les mobilités actives :
Accompagner le déploiement des ZFE ;
Développer les mobilités durables en zones rurales (mise en place de stratégies de mobilités, de Plan de Mobilité Simplifié, de services de mobilité de proximité) ;
Développer le covoiturage.
Enfin, le 7e appel à projets du Fonds mobilités actives (Le 7ᵉ appel à projets aménagements cyclables | DREAL Occitanie (developpement-durable.gouv.fr) a été lancé en novembre 2023 pour soutenir la réalisation d’itinéraires cyclables sécurisés et la résorption de discontinuités d’itinéraires.

Pour se faire accompagner dans leurs démarches, les collectivités d’Occitanie peuvent se tourner vers deux associations nationales de collectivités spécialisées pour le développement de modes actifs sur leurs territoires : Vélo Territoire et Villes cyclables.

L’ADEME répertorie 4 leviers d’actions pour encourager le développement de modes actifs sur son territoire :

 

Levier d’action 1. Planifier pour organiser et optimiser les déplacements sur son territoire

Les modes actifs doivent être intégrés aux documents de planification « standards » (SCoT, PLUi, PCAET), ou spécifiques aux mobilités (PDU, PGD, Plan de mobilité, etc.).

Les schémas de planification permettent d’intégrer les modes actifs en amont et pendant les réflexions autour de la politique d’aménagement du territoire..

Plusieurs documents de planification permettent d’intégrer des modes actifs sur son territoire :
Le Schéma directeur cyclable : outil de programmation et de planification pour le développement de l’usage du vélo. Si ce schéma s’établit à l’échelle intercommunale, il projette des aménagements qui mobilisent les compétences « voirie » des communes et des départements. Cette association permet de définir et d’appliquer un schéma directeur cyclable cohérent et transversal sur différents territoires. La mise en place d’un schéma directeur cyclable d’agglomération peut être également le levier d’harmonisation de la planification cyclable à l’échelle d’une métropole, à l’image de Tisséo Collectivités. Pour les communes ou les communautés de communes de petite taille, le Schéma directeur cyclable est souvent à l’origine de réflexions globales sur la mobilité.
▫ Le Plan piéton : outil de programmation et de planification pour favoriser les déplacements à pied. La commune est l’échelon le plus pertinent pour définir et appliquer un plan piéton, notamment dans le cadre de projets de réaménagement / revitalisation de centres bourgs. Lauréates de l’Appel à Projet Action Cœur de Ville en 2019, les communes de Revel ou Cahors en Occitanie ont entrepris des efforts conséquents de piétonisation au service de leurs ambitions de renouvellement urbain et de sauvegarde / valorisation du patrimoine.
Le Schéma directeur des modes actifs (également appelé schéma cyclable/piéton, plan marche/vélo) : cet outil permet de planifier et de promouvoir une démarche globale, en favorisant un développement concomitant du vélo et de la marche. Il permet d’ancrer les modes actifs au cœur de la ville, jouant un rôle en matière d’urbanisme, en cohérence avec les autres schémas de planification. [La ville de Nîmes s’est par exemple engagée dans l’élaboration de ce Schéma directeur en 2018 afin de garantir l’intégration de sa politique de modes actifs dans la politique globale menée par la Métropole dans le Plan de Déplacements Urbains (en cours de révision).

 

Levier d’action 2. Aménager : stationnement et infrastructures cyclables

Après avoir élaboré les documents de planification, la collectivité peut alors aménager les infrastructures adaptées.
Le stationnement vélo : un faible nombre de places de stationnement, ou des places de stationnement insuffisamment sécurisées, sont régulièrement identifiés comme des freins à la possession et à la pratique du vélo.
Des dispositifs législatifs – Article 57 de la Loi Grenelle 2 - incitent à la création d’infrastructures dédiées au stationnement des vélos pour toute construction neuve de bâtiments d’habitation et de bureaux, et les bâtiments collectifs existants. Le rôle de la collectivité est de proposer des solutions et de répondre aux besoins de stationnement vélo dans l’espace public. Ces solutions peuvent prendre la forme d’arceaux pour des arrêts de courte durée, de boxes individuels ou collectifs pour des durées moyennes ; d’abris sécurisés pour les durées les plus longues.
Les collectivités peuvent prétendre au soutien financier du Programme Alvéole pour concrétiser l’installation de ces stationnements vélos. Ce programme mobilise le mécanisme des Certificats d’Économie d’Énergie pour co-financer des projets de stationnement vélo tant privés que publics. Il est porté par la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette – FUB – et la société ROZO, en partenariat avec l’ADEME et les services de l’Etat.

Un exemple dans le Gard : la CC Cévennes et Gangeoises & Suménoises dans le cadre d’une démarche a installé des équipements vélos dans 2 de ses communes : kit réparation, station de gonflage en accès libre et gratuit

Les infrastructures cyclables : La cyclabilité d’une voirie varie selon la sécurité des aménagements, l’efficacité du parcours - distance/temps - et la praticité d’usage - relief et lisibilité de l’itinéraire. Les collectivités et les communautés de communes jouent un rôle clé dans la prescription de pistes cyclables, bandes, voies vertes ou zones de circulation apaisée, pratiques et sécurisées. Les collectivités assurent l’entretien de ces infrastructures, et garantissent ainsi la pérennité de ces aménagements. Le travail partenarial avec les autres aménageurs publics et privés s’avère essentiel à la cohérence du maillage territorial cyclable pour organiser la continuité des itinéraires créés.

A l’échelle de la région Occitanie, des initiatives partenariales émergent pour dessiner et proposer une desserte cyclable aux usagers. Parmi ces initiatives, l’Autorité Organisatrice de Mobilité de la grande agglomération toulousaine, Tisséo Collectivités, a réuni la Métropole de Toulouse, 4 communautés de communes ou d’agglomération, les services de l’Etat, la Région Occitanie, le Département de la Haute-Garonne et des acteurs associatifs et économiques pour élaborer leur Schéma Directeur Cyclable d’Agglomération, et structurer leur Réseau Express Vélo.
Le Département de l’Aude a initié la structuration d’un schéma départemental cyclable afin d’intégrer la pratique du vélo aux aménagements routiers de sa compétence. La finalité de ce schéma est de proposer des infrastructures homogènes et cohérentes pour assurer une desserte équilibrée tant des zones urbaines que des zones rurales.

 

 

un exemple de piste cyclable

Levier d’action 3. Communiquer pour favoriser le report modal des usagers vers les modes actifs

Pour faire adhérer la population aux modes actifs, la collectivité doit :
• Informer les populations sur les actions de mobilité initiées par et sur le territoire ;
• Porter à connaissance les nouvelles opportunités d’itinéraires et de transports mis à disposition ;
• Recueillir les attentes des usagers et les associer aux réflexions propres aux déploiements de ces modes actifs ;
• Sensibiliser les populations aux pratiques et règles de sécurité associées aux modes actifs pour engager des changements de comportement ;
• Proposer des événements ponctuels autour de la pratique des modes actifs.

La Communauté d’Agglomération du Sicoval, par exemple, a créé une Communauté des Modes Actifs pour inciter au report modal vers ces modes actifs. Cette communauté est une instance de co-construction initiée sur un périmètre restreint, qui associe les zones d’activités du périmètre choisi et les communes limitrophes. Elle comprend une trentaine de membres actifs. Les ateliers de travail menés entre 2017 et 2019, sur la base d’un diagnostic partagé, ont permis d’élaborer des pistes d’actions, de les prioriser puis de les proposer à la gouvernance du Sicoval. Ce dispositif de travail innovant crée une dynamique d’échanges entre les membres, souvent usagers, les élus et les techniciens, et génère des actions concrètes en faveur de la pratique du vélo.

 

Levier d’action 4. Développer des services de mobilité active sur son territoire

La mise en place de services de mobilité contribue au déploiement des modes actifs au-delà des aménagements et des actions de communication. La mise à disposition de services adaptés participe surtout à animer une culture d’utilisation de ces modes actifs.
Les collectivités proposent parfois des maisons des mobilités à l’instar de celle initiée à Labège par le partenariat entre la Communauté d’Agglomération du Sicoval et Tisséo Collectivités (devenue en 2020 maison des mobilités cyclables, ou encore « Station V »). Ces espaces proposent des informations sur les itinéraires existants ou les mesures de sécurité à suivre lors de la pratique du vélo. Les maisons des Mobilités proposent également la location de moyenne ou longue durée de vélos, des formations ou encore des ateliers d’entretien et de réparation.
Les collectivités peuvent animer la culture des modes actifs sur leur territoire en mettant des services de vélo partagé à disposition comme par exemple la Communauté de Communes Aubrac Lot Causses Tarn . Le vélo à assistance électrique en partage permet d’élargir le profil des usagers des modes actifs.
Station V à Labège, Haute Garonne
L’organisation d’animations ou d’évènements municipaux dans l’espace public contribue à mobiliser ses usagers d’une manière festive et ludique. En 2022, le département de l’Hérault a organisé la fête du Vélohttps://herault.fr/actualite/126289/2-le-departement-mise-sur-le-velo.htm pour sensibiliser et inciter les familles à se déplacer en vélo : une rando vélo, la possibilité d’essayer différents types de vélo, et une multitude d’animations en partenariat avec des associations et partenaires locaux.